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Pour une justice africaine
entretien avec Issa Serge COELO, réalisateur tchadien
critique
rédigé par Fatoumata Sagnane
publié le 20/03/2007

Tartina City est une histoire que toute l'Afrique (voire le monde entier) connaît, car ce genre de conflit s'est déroulé partout dans le monde. Pour attirer l'attention sur ces problèmes dans nos sociétés, Issa Serge Coelo a réalisé ce film qui est sélectionné à la Compétition Officielle du XXème FESPACO (27 février-03 mars 2007). Nous l'avons rencontré.

Africiné : Est-ce que Adoum dans votre film Tartina City a une signification particulière (comme par exemple "Atim" l'acteur principal dans Daratt de Haroun signifie "orphelin") ?

Issa Serge COELO : Non ! Adoum est tout simplement un prénom au Tchad. En Afrique de l'Ouest ça se dit Adama et en Afrique centrale Adoum aussi. Cela vient d'Adam.

– À quel degré votre film s'inspire-t-il du régime d'Idriss Déby ? Vous êtes vous inspiré d'autres régimes comme celui de feu Sékou Touré chez moi en Guinée ? À la fin du film vous dites que c'est une fiction. Pourtant, cette fiction renvoie à des réalités palpables et concrètes.

Dans le sens de la fiction c'est une histoire inventée et imaginaire des faits réels. Ce n'est pas l'histoire vraie de Adoum qui s'est passé au Tchad en particulier ou dans un autre pays d'Afrique. Pour nous, le sujet du film doit être ressenti dans d'autres pays africains, pas uniquement accès sur le Tchad. C'est une histoire africaine, au-delà même mondiale. Dans tous les pays on a connu ça et on arrive aux heures de la démocratie. On dit que les droits de l'homme sont respectés. Il faut se méfier des choses qui se passent du côté obscur de l'homme, quelque soit le régime, les républiques démocratiques ou pas.

– Est-ce que pour vous, le vice est plus fort que la vertu, car le tortionnaire survit à la noyade et reçoit même une promotion ?

– Ça s'appelle l'impunité et elle est totale sur le continent aujourd'hui. Au niveau de l'OUA (Union Africaine), on n'a pas encore mis en place un tribunal pour chapeauter toute la justice sur le continent et donner de l'espoir à ceux qui ont eu à souffrir de l'injustice. Il faut une concertation commune des États Africains sinon on ne pourra pas avancer sur ces domaines où les Droits de l'Homme sont encore bafoués.
L'Afrique doit élaborer sa justice dans l'esprit traditionnel – car tous nos textes de loi sont importés depuis la colonisation – et applicable même en France. L'Afrique avait un sens de la justice certainement plus élaborée. Le cas de Rwanda est intéressant pour ça.

– Est-ce qu'il y a une volonté de trilogie (quand on pense à Daresalam, votre précédent film) ?

– Non pas une volonté de trilogie, car Daresalam parle des années 60-70 et Tartina City des années 80-90. Mes prochains films seront sur les années 90-2000 et je vais clore sur l'histoire du Tchad et je ferai d'autres choses après. Je tiens à faire un troisième volet du film ; pas la suite de Tartina City, mais une autre histoire qui se passe aujourd'hui au Tchad.

Propos recueillis par
Fatoumata Sagnane (Guinée)

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