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Tartina, une bouffe amère
Tartina City, de Issa Serge Coelo (Tchad)
critique
rédigé par Fatoumata Sagnane
publié le 20/03/2007

Pour marquer son propos et provoquer la remise en question du comportement barbare des États africains en particulier et du monde en général, le réalisateur tchadien Issa Serge Coelo montre des scènes de torture violentes. Ces scènes renvoient à des réalités palpables et concrètes qui ne laissent pas les spectateurs indifférents, surtout ceux qui ont vécu de tels cauchemars.

Ce film de fiction apparaît comme une dénonciation et un appel à la vigilance face à l'injustice et la mauvaise gouvernance des dirigeants.
Koulbou est l'un des principaux personnages de Tartina City, une figure hors pair qui règne sur une prison souterraine, prototype des tortionnaires non masqués qui exécutent à la lettre les ordres, les volontés et les sales besognes des dirigeants avides et cyniques.
Les images de violence assèchent les gorges et renvoient à des expériences vécues au Tchad ainsi que dans certains pays comme la Guinée (qui a connu une retentissante affaire judiciaire qui s'est soldée par un procès surnommé "procès des Gangs" et filmé par David Achkar dans Matthias et le procès des gangs).
Les tortionnaires restent en vie et gagnent même des promotions : le réalisateur fait échapper Koulbou à la noyade et appelle cela "l'impunité".
La fiction gagne en réalité dans Tartina City, même si le réalisateur souligne expressément à la fin du générique que c'est une fiction. Le décollage d'un avion de la compagnie panafricaine "Air Afrique" qui n'existe plus depuis des années (le film a été fini en 2003), donne au film des allures de film documentaire. Pourtant, il y a une sorte d'excuse non fondée car le film renvoie à des vécus qui méritent qu'on en parle car les fautifs doivent être punis, même si sera toujours possible de parler de réconciliation ensuite.

Il faut une prise de conscience des dirigeants africains qui s'enferrent dans la dictature et empêchent l'exercice de la liberté d'expression. Dans le portrait qu'il nous livre, Issa S. Coelo montre que même un couple métissé n'a pas le droit de vivre en paix, une femme n'a pas le droit de parler à son mari, a fortiori un journaliste d'écrire un article sur le régime politique en place. Il a réussi des images fortes qui trouvent des échos aujourd'hui encore par leur réalisme.

Fatoumata Sagnane (Guinée)

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