AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 926 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Quête de mémoire
Réveil, de Mohamed Zineddaine (Maroc)
critique
rédigé par Bouchta Farqzaid
publié le 30/04/2007

0. Pour introduire :

Réveil est le premier long métrage du réalisateur marocain : Mohamed Zineddaine (originaire de Oued Zem). Il a poursuivi ses études du cinéma au DAMS à Bologne en Italie. Critique et journaliste, ce jeune cinéaste était membre du Conseil Artistique de "Bologne 2000, Ville Européenne de la Culture". Mordu de la photo et du théâtre, il a organisé plusieurs expositions photographiques dans plusieurs villes et mis en scène certains textes célèbres, comme Miramar de Najib Mehfouz, entre autres.

I. Quête d'une mémoire :

Il faudrait commencer par rappeler que le film en question met en scène un personnage - un écrivain en gestation - astreint à constamment se déplacer dans l'espace et le temps. En effet, des lieux s'enchaînent et s'enchevêtrent. Dans un mouvement dilatoire, l'on passe de Oued Zem à Casablanca, puis à Rabat, Paris, Italie…. où maison, dépôt, bibliothèque et église se répondent et s'inscrivent connotativement dans une négativité explicite.
Il y a dans le film une voix off qui représente cela même qui permet au spectateur de tisser un fil à la fois horizontal (espace) et vertical (temps). À dire vrai, cette bande sonore - qui double euphoriquement et poétiquement l'image - favorise la reconstitution de l'identité du personnage, et, du coup, d'une Mémoire déjà en bribes.
Ainsi, le Verbe (discours) et l'icône (image) donnent forme à l'informe, c'est-à-dire à cela même qui est difficile à appréhender au niveau de la réception. Au fil de la narration, l'impossible devient possible cinématographiquement. Autrement dit, les souvenirs s'expriment visuellement dans l'évocation d'un certain nombre de faits et de lieux, où sont mis à nu quelques paradoxes des traditions dans les deux civilisations, orientale et occidentale. Cette mise en récit est très souvent interrompue, embrassant, par là, l'univers onirique. Tel un rêve, le film de Mohamed Zinneddine cadre ou soustrait du réel des scènes stratifiées dont le lien est à chercher en filigrane. Car, l'histoire y est inter-dite. C'est dire que, tel un puzzle, le film invite le spectateur averti à reconstituer l'intrigue grâce à des fragments vraisemblablement décousus.



II. La dialectique du possible et de l'impossible :
Comme on l'a dit auparavant, Réveil est une métaphore d'un univers qui se fait, se construit et prend forme en devenant film, qui est la réalisation - au double sens du terme - du livre impossible, à savoir L'Air de l'eau. De ce fait, l'image emporte sur le verbe en ce sens qu'elle le restitue, l'accompagne, mais ne semble point le reléguer au second plan. Elle est la garantie et la condition sine qua non même de son achèvement. Entre les deux genres (le livre et le film), il est un lien implicite qu'il est bon d'appeler "co-naissance".
L'image (film) a réussi amplement à se déjouer de la Censure doxologique et de la platitude politique des groupuscules qui, bon gré mal gré, croient pouvoir bloquer le processus historique d'un quelconque pays.
Loin d'être une figure fantoche, le héros y est rehaussé au rang d'un personnage problématique qui se trouve confronté à la société, parce qu'il est obsédé par l'idée transformer le monde, positivement. De ce fait, il s'inscrit dans une lignée qui contrecarre les discours politiques et castrateurs du Père autoritaire, dont Hitler est notamment une figure emblématique.




III. Pour conclure :
Conscient de l'enjeu du cinéma, Mohamed Zinneddine, en mêlant le documentaire et le fictionnel a su éviter intelligemment l'écueil qui s'exprime, chez certains réalisateurs débutants, dans le désir de tout dire, mais surtout de le mal dire. Avec Réveil, il a su également faire preuve d'un brio inégalable dans un genre appelé communément "Cinéma d'Auteur".

Bouchta FARQZAID

Films liés
Artistes liés
Structures liées