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Une nouvelle rhétorique cinématographique
Faux Pas, de Lahcen Zinoun
critique
rédigé par Bouchta Farqzaid
publié le 30/04/2007

Lors du 8° Festival National du Film à Tanger, cinéphiles et critiques ont eu un immense plaisir d'assister à un chef d'oeuvre réalisé par notre artiste Lahcen Zinoun, produit par Cité en fête.

Il s'agit d'un court métrage où forme et sens sont harmonieusement conciliés.
En effet, le film traite d'une question d'actualité marocaine, à savoir l'arrestation politique et tout ce qui peut en advenir : la Torture, en l'occurrence. Or, ce thème a été esthétiquement et méticuleusement abordé, en ce que Lahcen Zinoun y recourt à un langage primitivement chorégraphique ou spécialement cinématographique. Pour ce faire, deux composantes essentielles sont à bien noter, à savoir le rythme et la geste.
D'abord, sur le plan rythmique, le son y est déterminant, lequel se traduit dans les bruits des talons de chaussures, de l'eau qui fuit d'un robinet, de l'égouttement d'une bouteille de vin. Ces sons envahissent la scène et nous y font participer par le fait que nous sommes constamment appelés à tisser cela même qui fonde le fil conducteur et le lin implicite entre eux, en vue de faire du sens. Ainsi, ébriété, indifférence, temps et violence s'enchaînent et tissent quelque part une image des êtres en question.
Ensuite, ces êtres sont invisibles ou presque. C'est dire que Zinoun se sert d'un procédé rhétorique fort expressif qui est la métonymie. En effet, les personnages sont réduits à quelques parties à savoir les Pieds.
Autrement dit, le spectateur ne voit que la partie la plus basse des personnages, et cela lui permet de passer l'éponge sur cet héritage du cinéma américain dit plein ou psychologique, qui consiste à bourrer le crâne du public de notions établies comme "le bon, la brute et le truand", entre autres.
En somme, dans ce beau court métrage, Lahcen Zinoun rend esthétiquement un grand hommage à une figure militante qui n'est que Evelyne Serfati. Du coup, c'est un éloge de toutes les femmes
marocaines militantes, qui ont été et demeureront à jamais des êtres de verbe et d'action.

Bouchta FARQZAID

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