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"Avec le film Entre la coupe et l'élection, je passe le flambeau aux jeunes"
Interview avec Monique Phoba (Cinéaste, Directrice du Festival Lagunimages)
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 07/05/2007

Initiatrice et directrice du Festival Lagunimages, Monique Mbeka Phoba évoque souvent et aisément ses "deux pays" parlant du Bénin (où se tient ce festival) et de la République Démocratique du Congo. Auteure de plusieurs films parmi lesquels Deux petits tours et puis s'en vont, Anna, l'enchantée et Sorcière, la vie, son dernier film Entre la coupe et l'élection co-réalisé avec Guy Kabeya en 2006 a été projeté en avant-première pendant la 4ème édition du Festival Lagunimages à Cotonou du 9 au 15 avril 2007. Après la projection dudit film documentaire au Centre Culturel Français de Cotonou, elle a livré ses émotions face au public, mais aussi son intention et les conditions du tournage.

Africiné : Entre la coupe et l'élection est le titre de votre dernier film documentaire co-réalisé avec Guy Kabeya. D'où tenez-vous cette inspiration pour lier les deux sujets ?

Monique Phoba : Ce n'était pas mon idée mais celle d'un jeune de mon atelier organisé sur le film documentaire avec notamment des étudiants de l'Institut national des arts. Malheureusement, il n'était pas réalisateur. On a donc eu recours à d'autres jeunes du groupe pour faire collectivement ce film.

Africiné : Avez-vous eu du mal à lier les deux idées du film ?

Monique Phoba : Oui, parce que les élections sont un domaine très difficile à filmer. Parce que tout était interdit et les bureaux de vote qu'on a réussi à filmer étaient des prouesses. Il n'y avait que des journalistes accrédités, des médias internationaux qui pouvaient faire ça. C'était juste pour montrer qu'il y a l'élection au moment où on tournait.

Africiné : À suivre tous ces anciens joueurs, ces héros, qui ont survécu aux difficultés de leur situation précaire, c'est quand même beaucoup d'émotions. Quelle est aujourd'hui votre réaction face à un tel résultat ?

Monique Phoba : À écouter le public autour de moi, je les sentais un peu malheureux, parce que c'était leurs idoles et ça fait mal de voir une idole par terre. Je l'ai senti très fortement et j'espère tout de même que je ne leur fais pas tant mal que ça. Il y avait comme un mélange de bonheur et de souffrance.
C'est beau de voir les jeunes faire leurs études. C'est une respiration de les voir suivre un cours sur l'image, faire leur examen…ça fait respirer le film. Pour moi comme je l'ai dis au début du film, je passe le flambeau. C'est un film sans budget certes, mais l'essentiel pour moi était d'aider les jeunes à le réaliser.

Africiné : Ce n'était sans doute pas facile de canaliser la jeune équipe du tournage…

Monique Phoba : Oui. C'était très difficile de les diriger parce qu'il y avait un écart d'âge. Certains avaient 23-24 ans, d'autres 30. Puis ils préféraient que je travaille directement avec eux plutôt que de passer par un intermédiaire. Ce qui n'était pas facile, parce que je n'étais pas au pays. J'ai donc dû opter pour des mails collectifs plutôt qu'avec Guy Kabeya seul, mon co-réalisateur. Et le lien s'est créé comme entre mère et enfants.

Propos recueilli par Charles Ayetan (Togo)

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