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Un psychodrame pour re-créer le monde
Le Sourire du serpent, de Mama Keïta (Guinée, 2006)
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 22/05/2007

Fruit d'un défi né d'une conversation sur "les mérites comparés du théâtre et du cinéma" entre le réalisateur et un ami d'enfance, Le Sourire du serpent est un film énigmatiquement superbe. C'est l'appréciation qui s'est dégagée à la fin de la projection de ce chef-d'œuvre filmique du franco-guinéen Mama Keïta, lors de la 5ème édition du Festival International du Film de Ouidah (Bénin), Quintessence, tenue du 06 au 10 janvier 2007.
Il s'agit dans ce long métrage de deux marginaux que le réalisateur qualifie d'Adam et Eve en état de "re-création du monde" : une femme, prostituée, et un homme d'origine africaine en situation irrégulière qui se rencontrent une nuit en un lieu, mieux en une banlieue. Le graffiti peint sur le mur le dénote si bien : "La fin du monde est proche". Ces deux personnages, l'une Blanche et l'autre Noir, vivent dans un climat de méfiance mutuelle. "Méfie-toi du sourire du serpent", se dira cet homme dans sa langue d'origine qu'est le wolof. C'est d'ailleurs ce proverbe qui a inspiré à Mama Keïta le titre : Le Sourire du serpent.
Ce film est un psychodrame vécu par les deux personnages principaux, victimes de la marginalisation. L'écart entre deux mondes, la question des couleurs, la rue, les soucis de toutes sortes, la prostitution, la galère, la situation des sans-papier, le "boulot au noir", la peur, la méfiance, le mensonge, le manque de confiance qui brise les ponts… Dans ce film, il y a aussi des "éléments mystiques" comme le chat noir, le cheval invisible que tout œil ne peut voir…

Le noir ne rime pas avec le malheur

La question des couleurs est souvent l'indice de bien de discriminations. Mais quand la confiance commence à luire dans les ténèbres des relations humaines, on comprendra que "le noir n'est pas une couleur de malheur". Cette femme peut alors s'appeler enfin, Marion et cet homme, Adama. C'est-là une conviction, une philosophie du réalisateur-scénariste franco-guinéen Mama Keïta qui traduit bien ce proverbe éwé (Peuple du sud-Togo et du Ghana) qui dit : "c'est de la marmite noire que sort la bouillie blanche".
A l'inquiétude que ce film soit destiné à une élite, le réalisateur-scénariste Mama Keïta répond : "Si mon film n'est vu, entendu que par une poignée de gens j'aurais raté "mon coup". Mon idée, ma passion c'est de parler avec la multitude."
Tout compte fait, le suspense de ce film qui dure et tient superbement en haleine le spectateur jusqu'à la fin n'ajoute qu'à l'esthétique et à l'originalité de ce film qui veut concilier le théâtre et le cinéma. Mais, le réalisateur a-t-il réussi le pari d'une telle conciliation ?

Charles Ayetan
Togo

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