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"Mon film veut détruire les préjugés sur les Noirs"
Sven Halfar, réalisateur de Yes I am (Allemagne)
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 26/05/2007

"La quinzaine des cinémas du monde" (Abidjan, Côte d'Ivoire) peut se vanter d'avoir accueilli cette année un invité qui promet de belles choses pour la suite de sa carrière : l'Allemand Sven Halfar, réalisateur du documentaire Yes I am. Après la projection de son film à l'Institut Goethe le 18 mai dernier, il a dévoilé lors des échanges que son œuvre n'avait d'autre but que de rapprocher les peuples.

Lorsque le choc devient le conseiller occulte d'un film, l'émotion grimpe à son meilleur niveau. Sven Halfar, jeune réalisateur talentueux et auteur du documentaire Yes I am, a expliqué que l'idée de faire ce film bouleversant lui était venue de l'assassinat d'un ressortissant du Mozambique par les Néo-Nazis en Allemagne. À partir de là, la cause des Afro-allemands va frapper à la porte de sa caméra pour le décider à rejoindre le combat de cette minorité. Pour l'invité du Goethe d'Abidjan, désigner les personnes nées entre deux cultures par le terme "afro" est un non sens. "Ce sont des Allemands à part entière", a-t-il estimé. Avant de souligner que beaucoup de Noirs allemands souffrent de préjugés qui gênent leur parfaite intégration. "Les problèmes du racisme touchent toute l'Europe", a cependant reconnu M. Halfar. Qui a ajouté qu'on ne parle des Noirs en Europe que lorsqu'ils font des choses négatives. Il a poussé son analyse dans les écoles où l'évocation de l'Afrique rime avec sida, guerre, famine. Autant de clichés qui pleuvent sur un continent considéré comme pareil d'un bout à l'autre. "Pour les Européens, tous les Africains sont pareils", a-t-il également fait remarquer. "Le film doit être compris comme un pont pour créer l'entente entre les gens, déclencher la discussion et faire tomber les préjugés", a révélé le réalisateur allemand. Qui affirme aussi avoir atteint son but qui était de raconter dans ce film une situation, avec beaucoup d'émotions, sans être accusateur. Mais à l'en croire, le problème des Noirs européens est trop complexe pour pouvoir être épuisé en l'espace d'un seul film. "Que Dieu bénisse Sven Halfar !", a jeté au micro, un spectateur ému par l'engagement affiché du réalisateur contre le racisme. Une Allemande, mariée à un Ivoirien avec qui elle a eu des enfants métis, s'est déclarée bouleversée et impressionnée par le fabuleux travail du réalisateur. Mais elle s'est interrogée si le fait d'avoir concentré son film sur des musiciens ne risquait pas de créer un autre cliché sur les Noirs. "Non !", a répondu Sven Halfar qui dit avoir fait ce choix pour obéir à la façon dont il voyait le film. Le documentaire qui dure 104 minutes a été tourné sur quatre ans. Il décrit la quête identitaire d'Afro-allemands qui ont un père Noir et une mère allemande. La mort brutale d'un Noir va les rassembler au chevet de leur soif identitaire, pour lancer en chansons d'émouvants messages d'espoir. Images d'archives et fictions donnent à ce documentaire édifiant le relief d'une éternelle main tendue.

Propos recueillis par
Fortuné BATIONO

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