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"L'Afrique a un droit de regard sur le cinéma malien…"
Interview avec Salif Traoré
critique
rédigé par Yohanès Akoli
publié le 11/06/2007

Faro, la reine des eaux est le premier long métrage de fiction du cinéaste malien Salif Traoré. Film tourné en 2006 (première mondiale au FESAPCO 2007), avec d'énormes difficultés, Salif Troré évoque le conflit d'un homme en quête de son identité en butte à une société qui lui refuse toute reconnaissance. Film inaugural du 20eme FESPACO, nous l'avons rencontré juste après la projection, Salif Traoré apparaît visiblement comme ce messager qui prône le dialogue des cultures.

Dans quelle réalité sociale nous plonge Faro, la reine des eaux ?
Je parle d'exclusion, je veux que les gens s'acceptent, qu'on se donne la main et qu'on arrive à avancer parce que c'est le plus important. Pour moi il ne s'agit pas d'exclure une communauté ou une personne à cause de sa situation sociale, ou de ses racines.

Quel est le message du film ?
Ces enfants qui dorment comme de petits bâtards ont aussi un père, ont une mère. Ils sont rejetés plus tard parce que ça fait honte. C'est souvent un amour qui se termine par une honte. Donc ce sont des enfants dont la plupart sont jetés, tués ou abandonnés dans la brousse. Zanga lui, il a réussi à revenir dans son village avec un savoir, qu'il voulait mettre au service de tous.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Quand on voit le générique du film et le logo qui défile, on a tendance à penser que ce film a mobilisé autant de budget, autant d'argent. J'avoue que c'est notamment virtuel. N'eûtt été le concours des uns et des autres, ce film, je ne l'aurais pas terminé, parce que j'ai été abandonné par mes autres partenaires.

Pensez-vous que Faro, la reine des eaux traite de la diversité culturelle ?
Je crois que ce film répond très bien à cette diversité culturelle, c'est pour ça que je dis que l'Afrique doit faire avec les autres. L'Afrique doit aller vers les autres, elle doit accepter cette mutation.

Que dites vous à propos de la visibilité des films africains ?
Cette non visibilité c'est vrai. Il est là parce qu'on classe le cinéma africain dans un rang qu'il ne mérite pas. Et donc c'est ce qui amène cette non visibilité des cinémas africains. À mon avis, ces cinémas ont maintenant sa place sur l'échiquier international.

Vous ne semblez pas partager l'appellation cinéma africain…
Je parle de "cinéma" tout court, parce que le cinéma africain comme les gens le disent, doit atteindre certaine maturité. Il est aujourd'hui frappé par une crise, mais cela ne veut pas dire, qu'il n'y aura pas d'autres qui vont croire à ce cinéma, et ce cinéma va beaucoup avancer.

Votre regard sur le cinéma malien ?
Quand on jette un coup d'œil sur ce qui est fait au Mali en matière cinématographique, je crois que l'Afrique a un droit de regard sur ce cinéma. Le cinéma malien aujourd'hui n'a peut être que besoin d'un petit pouce pour être mieux que ça. C'est vrai que les difficultés sont partout, quand on regarde autour de nous, on se rend compte que les films se font très difficilement et le Mali n'est pas le seul pays à être frappé. C'est l'ensemble de tout le cinéma mondial qui est frappé par cette crise.

Yohanès Akoli/ Togo

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