Parler du cinéaste marocain Ahmed Bouanani cela veut dire parler d'un cinéma marocain bien tracé et bien rythmé dans toutes ses manifestations artistiques. Car ce grand cinéaste marocain a considéré le cinéma comme un champ de travail créatif personnel avant qu'il soit un art orienté vers le grand public. On peut prendre comme exemple tous les films qu'il a pu réaliser dans son parcours cinématographique tels Tarfaya ou la marche d'un poète, Six et douze, Mémoire 14, Sidi Hmad ou Moussa, Les quatre sources, Côté 2400, Casablanca, L'Olivier et surtout son merveilleux film Mirage.
Ce dernier film a été considéré par la critique cinématographique marocaine comme l'un des meilleurs films du cinéma marocain pendant tout son riche parcours, car il a réussi à tracer le chemin artistique de ce cinéma même avec un œil original.
Le récit du film d'abord raconte le parcours d'un pauvre paysan marocain au temps du protectorat français qui soufrait de sa dure pauvreté avec sa femme qui travaille comme une bonne dans une famille française. Toujours le même travail, jusqu'au jour où par un heureux hasard il trouve dans un sac de farine une grande somme d'argent. Bien sûr il n'en a pas cru ses yeux au début. Il croyait qu'il était en train de rêver tout simplement. Mais la vérité a été tout autre. Il a vraiment trouvé cet argent. Alors quoi faire d'abord de cette grande somme d'argent ?
Il faut d'abord la changer dans une banque. Mais cela va lui poser beaucoup de problèmes. La seule et la simple chose c'est de trouver quelqu'un qui peut la faire changer discrètement sans attirer l'attention des autres. C'est le début de la fable qui se situe entre hier et demain, comme dit le résumé du film, entre le silence et le cri, et qui s'achève comme une désillusion.
Ainsi commençait cette histoire, l'histoire de la recherche d'une fortune souhaitée depuis longtemps. En ville le héros du film, ou plutôt l'anti-héros, en essayant de trouver quelqu'un qui peut aider à changer cet argent, va trouver un autre monde, un monde où tout le monde cherche de réaliser un rêve perdu. Au restaurant populaire les gens mangent du harira en imaginant qu'ils sont en train de manger de la viande, et le célèbre chanteur Hocine Assalaoui en train de chanter ses belles chansons qui décrivent bien la situation où se trouvent ces pauvres gens. L'anti-héros mange lui aussi avec son nouvel ami Ali ben Ali, l'homme qui rêve de construire un beau théâtre où il peut présenter ses merveilleuses pièces théâtrales qui font éloge de la liberté au sens humain du terme. En ville aussi sa femme va chercher son rêve d'être heureuse dans les paroles et les pratiques d'un fqih qui lui a prescrit d'égorger un bouc noir pour attirer l'aide des djinns.
L'anti-héros (au sens cinématographique du terme bien sûr) va trouver toutes ses manifestations sociales devant ses yeux, sans pouvoir réaliser son rêve. Le rêve de devenir un homme honorable avec cette grande somme d'argent qu'il possède. Même en profitant de l'occasion d'être en ville pour trouver son unique fils qui a quitté le village depuis un certain temps, mais en vain.
Le film décrit bien le parcours mobile de ce personnage avec beaucoup de réussite. D'une part car le réalisateur a bien choisi les champs de travail qui sont bien divisés entre espaces de la campagne et d'autres de la ville. Et d'autre part, les acteurs ont pu avec beaucoup de talent jouer et interpréter leur rôle tels le fameux Mohamed El Habachi et la grande Fatima Erraguragui ainsi que l'artiste Mohamed Afifi et bien d'autres.
En plus le film confirme, s'il en est besoin, que le cinéma peut nous donner une image artistique de la société et peut nous faire rêver en plein jour de toutes les choses de la vie. Car ce film là a pu nous présenter une histoire pleine de symboles qui nous touchent en tant que des êtres humains puisque cette histoire a décrit les sentiments des personnages avec une grande sincérité en pensant à leurs problèmes et souhaits aussi.
C'est pour ces raisons là que les gens vont au cinéma, car ceux qui aiment le cinéma aiment évidement la vie, et ce film d'Ahmed Bouanani fait éloge au cinéma et à la vie en même temps.

Noureddine Mhakkak