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Acteur dans Le camp de Thiaroye, Sidiki Bakaba loue le "visionnaire" Sembène
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 30/07/2007

Le palais de la culture d'Abidjan a projeté du 14 au 18 juin 2007, cinq films (Le mandat, Xala, Emitaï, Ceddo, Le camp de Thiaroye) du grand cinéaste disparu (9 juin) Sembène Ousmane, pour saluer son immense contribution à l'émergence d'une conscience africaine. Cinéaste et acteur, Sidiki Bakaba, initiateur de ce rendez-vous, garde de beaux souvenirs de ce grand vétéran. Une raison suffisante pour lui de mijoter un deuxième hommage.

Celui qui jouait le rôle du muet dans Le camp de Thiaroye retrouve une voix chargée d'éloges quand il évoque "le visionnaire", "le génie" Sembène Ousmane. Pour le comédien et actuel directeur du palais de la culture, Sidiki Bakaba, le pionnier du cinéma africain fait partie de ceux qui ont forgé un repère pour les jeunes africains.
"Il fait partie de ceux qui nous ont dit qu'on pouvait demain construire des avions, faire tout ce que les grandes nations font", souligne-t-il. Avant de louer l'engagement d'un homme déterminé, ayant une grande notion de la souveraineté.

Pour M. Bakaba, le brillant cinéaste étendait son art au territoire feutré des symboles, qu'il explorait à la perfection. Et Sidiki Bakaba de citer son étonnement quand Sembène Ousmane lui apprend qu'il jouera le rôle du muet ("Pays") dans son film Le camp de Thiaroye [coréalisé par Thierno Faty SOW, ndlr|.
"Moi je croyais que j'allais plutôt interpréter le sergent intellectuel" se souvient-t-il. "Je me suis par la suite rendu compte, poursuit-il, que Sembène avait une vénération pour "Pays", car il était lui-même un "Pays". Puisque finalement, détaille M. Bakaba, l'Afrique qui a le plus à dire est muette, a une voix étouffée. Elle voit venir le revers des promesses à l'image du muet qui vit mal le voisinage des barbelés. Un piège qui facilitera, à la fin du long métrage, la tâche aux canons". "L'Afrique lucide, ce n'est pas celle des tam-tams mais celle qui ne parle pas" diagnostique Sidiki Bakaba.

Abordant un autre symbole fort de ce film d'histoire, l'acteur-réalisateur déclare avoir été marqué par la longueur de la scène de danse. En réalité, un uppercut pour réveiller les infatigables danseurs de notre continent : "J'ai fait cette scène longue pour qu'en la regardant, les gens s'emmerdent" aurait lâché Sembène pour justifier ce parti pris. Après la première série d'hommage, une autre suivra dans les jours à venir. Le directeur du palais de la culture assure qu'il mettra tout en œuvre pour que le public puisse voir toutes les réalisations cinématographiques du père de Borom Sarett.

Fortuné BATIONO

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