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"Se battre pour l'épanouissement de la culture guinéenne"
Interview avec Alhoussène Sano, réalisateur-producteur
critique
rédigé par Fatoumata Sagnane
publié le 06/08/2007

L'objectif de chacun des membres d'Africiné est de contribuer à épanouir, dans le vrai sens du mot, la valeur de la culture africaine. Ce qui nous impose des recherches sur le terrain, pour avoir connaissance des problèmes du cinéma de chaque pays africain, afin de les partager sur ce site.
C'est la raison de cette série d'entretiens avec des pratiquants et amoureux des plateaux de ma Guinée natale.

Africiné : Dites nous qui est Alhoussène Sano ?

Alhoussène Sano : Je suis producteur réalisateur. Ingénieur Télécom de formation, option Radio Télévision, j'ai la trentaine ; je suis réalisateur depuis 1995 et je suis toujours dans cette lancée.

De 1995 à nos jours, qu'est ce que vous avez eu comme matériel de tournage ?

On a une maison de production, Maxi Plus, qui a vu le jour en 96, une année juste après ma sortie de l'université. On a six films à notre actif (L'amour en larmes, Double face, L'amour fatal, Le disc jockey ou casque de guerre, Le destin et enfin La couverture) qui se repartissent en quatre longs métrages et deux courts.

Avez-vous eu souvent l'occasion de présenter vos films dans des festivals en dehors de la Guinée ?

Pour une première fois, j'avais eu l'occasion d'être invité au FESPACO où j'ai présenté mon film, Deuxième bureau qui a eu le prix d'encouragement en 2001 dans la série vidéo.
J'avoue que le thème et le jeu d'acteur furent très appréciés mais le hic c'était au niveau de la technique qui était très bancal.
Puis L'amour fatal, qui avait participé au festival international des films numériques le 23 mars 2004 et cela m'a aussi valu un prix. Sur 68 films présentés le mien a été placé 4ème.
Nous avons un studio numérique à moindre coût, qui nous permet de produire désormais des films de qualité. Mais l'inexistence de circuit de diffusion nous fatigue à plus d'un titre.

Vous êtes reconnu pour votre courage et votre persévérance en matière de réalisation, mais malgré vos efforts, et ceux de tant d'autres amoureux de cet univers du 7ème art, le cinéma guinéen s'endort, pour ne pas dire a disparu de l'arène internationale depuis très longtemps. Qu'est ce qui vous barre réellement la route ?

La première des choses, le cinéma demande beaucoup de moyens et nous les locaux ne bénéficions d'aucune aide étatique ou de bonnes volontés de chez nous qui préfèrent investir dans des domaines moins importants que la culture. Cela nous pousse à compter plus souvent sur les Occidentaux avec les modestes soutiens qu'ils nous témoignent, afin de survivre avec nos œuvres.

L'ONACIG (Office National du Cinéma de Guinée) a-t-il un budget pour financer vos productions ?

Je suis navré, cet office est plus que pitoyable, car il n'existe que par le nom ! Donc pour le moment son seul rôle, aussi important pour nous est de nous délivrer des attestations de tournage, afin de pouvoir survivre grâce aux maigres sommes qu'on lui verse.

Depuis des années maintenant les salles de cinéma n'existent quasiment plus en Guinée. Est ce que vous avez pensé à en parler avec d'autres réalisateurs et producteurs du pays afin de trouver une solution à ce fléau ?

Cette question m'effraye à plus d'un titre ! L'idée de savoir que comme la musique, nous ne pouvons dépasser nos frontières, alors que c'est mille et un efforts qu'on met en place pour sortir quelque chose pour le plaisir des populations.
C'est une honte pour moi, mais on ne cessera de se battre pour l'épanouissement de la culture guinéenne, que le gouvernement participe ou pas. D'ailleurs, j'ose croire qu'avec le nouveau gouvernement tout changera de gré ou de force. Loin de parler de politique, des subventions doivent revenir à la culture. Ceci étant, nous avons mis en place une association pour veiller sur la bonne marche de nos productions qui ne sont pas seulement que pour des foyers ou la télévision nationale, mais pour le monde entier et nous nous battrons jusqu'au dernier souffle.

Fatoumata SAGNANE

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