AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 004 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Difficultés et réussite amère
Moi et mon blanc, de Pierre Yaméogo
critique
rédigé par Espéra Donouvossi
publié le 09/08/2007

Pierre Yaméogo ouvre son film en exposant une femme blanche qui tape à toutes les portes d'un appartenant. Celle qui s'ouvre plante véritablement le décor du film. La porte s'ouvre sur l'Afrique représentée symboliquement par Mamadi, le personnage principal du film, ce doctorant en droit international qui se retrouve en France pour soutenir sa thèse. Immigration conséquente et justifiée. Mais pendant près de 90 minutes, Mamadi va rencontrer tous les problèmes liés à son existence en territoire étranger. Ce long métrage qui commence sans musique laisse croire la joie est absente et que le personnage principal est confronté à des situations de tristesse. Mais l'évolution des séquences, le déroulement de l'histoire et le déroulement merveilleux du scénario montre un jeune africain qui se démerde malgré tout et se sacrifie pour avoir son doctorat en droit international. Intervention divine ou miracle peut-être ; la vie de Mamadi change. La musique intervient, portée par le génie créateur de Ray LEMA. Pierre YAMÉOGO ne serait-il pas en train de montrer un début malheureux et une fin heureuse par la sémiologie de la musique ? En tout cas, on ne saurait le dire à priori seulement Mamadi parvint à soutenir sa thèse et ne devra plus attendre pour rentrer chez lui en Afrique. L'émigration n'a de sens que quand on la pratique avec objectivité et avec un but précis. Cette leçon a été bien montrée à travers ce film par le retour glorieux de Mamadi ; même si ce retour a été précipité par le passé récent du personnage en France. Car ce qui fait la fortune de Mamadi le poursuit et se donne les moyens de le lui arracher. Le réalisateur burkinabé montre encore-là le pouvoir que l'homme donne à l'argent. Mamadi rentra chez lui en Afrique avec un ami français et ne tardera pas à remarquer et à voir ce qui fait que les émigrés ne reviennent plus de leurs aventures. Malgré son doctorat soutenu avec mention bien, une place dans l'administration ne lui est pas systématique. Même s'il en trouve une, il doit être mal payé comme les autres travailleurs qui sont obligés de se soulever avant de se faire entendre vainement. Le réalisateur fait dire justement à l'un de ses personnages "Docteur Souleyman" que rentrer au pays c'est aller au cimetière où les grands diplômés sont sous-estimés et clochardisés. Ce film mérite nécessairement d'être diffusé partout pour plusieurs raisons.
La première raison c'est justement que ceux qui ont travaillé sur ce film viennent d'horizons divers et ont su apporter une touche technique et esthétique à cette œuvre filmique. La décoration signée par le béninois par Joseph KPOBLI qui a aussi fait la décoration du tout dernier film du feu Sembène Ousmane Moolaadé témoigne de la beauté et de l'originalité d'un cinéma en Afrique.

Ensuite, en ce qui concerne les personnages, le casting mixte et la psychologie des personnages prouvent le professionnalisme du réalisateur et rend plus pertinente l'histoire du film. La solidarité africaine est bien révélée à travers les scènes où Mamadi a été embauché par Docteur Souleyman quand il était viré de l'appartenant où il habitait. Ensuite le job qu'il trouva grâce à l'appui du docteur Souleyman ZONGO et la présence des africains de sa soutenance démontrent bien de la solidarité qui règne entre africains.
Enfin quand nous abordons les lieux de tournage, nous sommes tenté de dire que le film doit son esthétique à la subtilité avec laquelle le raccord entre les différents lieux est fait. La diversité des lieux de tournage et l'évolution chronologique du scénario fait dire que le film est centré sur une réalité. Paris-Ouaga, Yaméogo joue avec le sens d'éveil et de la curiosité du spectateur qui se retrouve en face d'une situation dont il en devient le témoin vivant.
Toutes ces qualités ont valu au film plusieurs prix. En 2003, il a eu au Fespaco, le prix RFI et le prix de la ville de Turin. Ce film a été sélectionné dans plusieurs festivals du 7ème art.

Espéra G. DONOUVOSSI

Films liés
Artistes liés