AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 939 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
"Nous voulons former des professionnels du cinéma capables d'être représentatifs sur le plan international"
entretien avec M. Foli Alodé Amagli, Directeur Général de l'ESEC au Togo
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 03/09/2007

Enseignant de formation, Monsieur Foli Alodé Amagli est également un artiste communément connu sous le surnom de "Lekponvi" hérité de son rôle d'acteur dans les séries de sketches populaires diffusées sur la chaîne de télévision nationale (TVT). Membre d'une ONG dénommée "Carré Jeunes" qui œuvre pour le développement de la société et particulièrement de la jeunesse, il est aujourd'hui Directeur Général de l'École Supérieure des Études Cinématographiques (ESEC) à Lomé, école qui a pour vocation de contribuer au développement du cinéma par la formation professionnelle des cinéastes du Togo et de la sous région.

Africine : Monsieur Foli Alodé Amagli, vous êtes Directeur Général de l'Ecole Supérieure des Etudes Cinématographiques (ESEC) à Lomé au Togo. Pouvez-vous nous dire quels sont les mobiles et les objectifs de cette institution créée le 03 novembre 2006 ?
M. Amagli :
Les mobiles de la création de cette école découlent d'un certain nombre de constats. Il s'agit d'abord du constat suivant lequel le cinéma n'est pas développé au Togo tout comme dans certains pays de la sous région. Je suis un mordu du cinéma depuis mon enfance. À l'époque, les salles de cinéma étaient opérationnelles et je fréquentais les salles comme le Cinéma Rex et Le Togo. C'était souvent de la bousculade devant ces salles. Mais aujourd'hui il n'y a plus cet engouement.
Nous avons ensuite constaté que nombre d'institutions dans notre pays apprennent aux gens à tenir la caméra, à prendre des images et du son au cours des manifestations de réjouissance ou de deuil. Mais ces personnes manquent souvent pour la plupart de professionnalisme.
Quant aux objectifs de l'École Supérieure des Études Cinématographiques (ESEC), ils se résument dans le souci de former les professionnels du cinéma tout comme on forme les maçons, les menuisiers…afin qu'ils puissent être représentatifs sur le plan international.

Africine : Quelles sont les filières abordées au cours de cette première année académique ?
M. Amagli :
Nous avons ouvert deux niveaux de formation à savoir le Brevet de Techniciens (BT) pour ceux qui ont un niveau BEPC et qui ont fait au moins la classe de seconde (au bout des trois ans de formation ils recevront le diplôme de Technicien de Cinéma) et le Brevet de Technicien Supérieur (BTS) pour ceux qui ont le niveau Bac et qui au bout de deux ans recevront leur BTS Cinéma. Pour ces deux niveaux nous avons les filières : image, son, script, montage, réalisation et production. Mais en première année cette formation est dispensée en tronc commun. Ce n'est qu'au cours de la deuxième année académique que vont se dessiner les filières dont nous venons de boucler les orientations comme suit : Opérateur de prise de vues (OPV), Opérateur de prise de son (OPS) et Réalisation. Il faut préciser qu'il y a une seule candidate pour cette dernière filière pour le compte de l'année prochaine.

Africine : L'effectif et les matières dispensées en cette première année.
M. Amagli :
Comme vous le savez, nous sommes à nos débuts et avons ainsi commencé avec 15 étudiants. Mais pour certaines raisons, notamment financières certains n'ont pu terminer l'année. Raison pour laquelle, cet effectif s'est réduit à 10. Mais seuls 8 étudiants ont pu terminer effectivement l'année, les deux autres ayant eu des ennuis de santé.
Entre autres matières, il y a : communication et expression française, communication et expression anglaise, communication du cinéma, histoire des arts et des métiers du cinéma, histoire des civilisations (notamment la partie qui a trait au cinéma), photographie et laboratoire, prise de son, prise de vue, droit civil, droit commercial…

Africine : Avez vous les matériels nécessaires ?
M. Amagli :
L'ESEC est l'initiative de trois entités : l'Association pour la promotion du cinéma au Togo (APROCIT), l'ONG "Carré Jeunes" et le Complexe scolaire Kouvahey qui abrite l'ESEC. Ces partenaires ont essayé de réunir un minimum de matériel pour cette première année (une caméra, des magasins, mais aussi des caméras anciennes gammes auxquelles nous avons accès dans les locaux du Centre National de Production Audiovisuel (CNPA) grâce au partenariat que nous avons noué avec le gouvernement. Nous avons donc une caméra numérique et une caméra analogique, quelques ordinateurs, magnétoscopes et écrans téléviseurs… Mais nous attendons plus de matériels l'année prochaine. Raison pour laquelle nous lançons un appel à d'autres partenaires pour nous venir en aide pour que nous puissions relever ce défi.

Africine : Disposez-vous des compétences requises pour une telle formation ?
M. Amagli :
Nous avons travaillé cette année avec les compétences nationales. L'Etat togolais avait formé des professionnels de l'audiovisuel, très qualifiés, qui ont travaillé dans la fonction publique (à la TVT et au CNPA) et qui sont aujourd'hui à la retraite. Ce sont eux que nous avons sollicités pour la formation de nos étudiants. Il y a encore d'autres compétences nationales que nous allons exploitées l'année prochaine. Par ailleurs, nous sommes actuellement en tractation pour nouer des relations avec des nationaux expatriés et aussi des institutions étrangères.

Africine : Quels sont les résultats de cette première année académique.
M. Amagli :
Nous sommes agréablement surpris par le résultat de nos étudiants qui ont bien travaillé. En effet, les moyennes varient de 13 à 14,95 sur 20 pour le BT et de 13 à 15,72 sur 20 pour le BTS.


Africine : Quelles sont vos perspectives !
M. Amagli :
Nous voulons relever un défi : contribuer à l'émergence de notre cinéma. Un seul film togolais a été primé au FESPACO, c'est Kawilasi de Abalo Kilizou qui est enseignant dans cette école. Notre défi est donc que dans trois ou quatre ans, d'autres films togolais soient présentés, voire primés au FESPACO et dans d'autres festivals internationaux.
Notre souhait est aussi que l'ESEC ne soit pas seulement une école du Togo mais de toute la sous région.

Propos recueillis par Charles Ayetan
Togo

Films liés
Artistes liés
Structures liées