AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 926 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
La petite calebasse de Josiane
Les couilles de l'éléphant, de Henry-Joseph KOUMBA BIDIDI (Gabon)
critique
rédigé par Sitou Ayité
publié le 17/09/2007

Les "couilles" de "l'éléphant "sont ce que personne n'arrive à maîtriser dans ce film, même pas le conseiller en communication, M. Leclerc, dépêché spécialement de France. Personne sauf la petite calebasse de Josiane. Même si cette calebasse n'apparaît pas souvent dans cette comédie dramatique, elle est à l'origine des malheurs de "l'éléphant". Josiane estime que si elle a pu "fabriquer" son mari, elle est également capable de le contrôler "aux couilles" grâce à sa "Nganga". C'est sur petite affaire de famille que Henry-Joseph Koumba a décidé de nous révéler sur un ton humoristique les grandes coulisses de la politique au Gabon et en Afrique.
Nous sommes en pleine capitale gabonaise, le député sortant d'Evologo, Achille Alevina dit l'éléphant se présente aux législatives. Ce n'est surtout pas son adversaire Ovago Balo, leader du front radical pour un changement réel, qui lui fait perdre la tête mais plutôt ses problèmes sexuels : Alevina ne bande plus. Cette référence à la soif immodérée de jouissance d'Alevina, n'est ce pas simplement un moyen métaphorique du réalisateur pour exprimer l'individualisme trop poussé d'un politicien africain ? La séquence d'exposition du film nous le présente bien dans le théâtre de la campagne électorale : Alevina en plein ébat sexuel quelques minutes avant son discours au peuple. Le podium ne représente que le lieu des fausses promesses, des discours pompeux où les mises en scènes proprement faites viennent s'exposer. L'arrière scène n'est pas permise à tout le monde ; l'argent et le pouvoir contrôlent des " politiciens" qui, comme des acteurs, apprennent le scénario à jouer devant un peuple innocent et naïf qui applaudit. Le réalisateur peint à travers cette comédie dramatique la triste réalité politique. Le contraste entre Ovago Bala et l'éléphant est très souligné. Le premier ne pouvant même pas payer son loyer, travaille en pleine nuit avec ses collaborateurs tandis que l'autre organise de grandes fêtes au même moment. Joseph Koumba a non seulement pris la nuit (où se passent les affaires louches) comme complice de son art mais aussi les acteurs. Ils sont totalement engagés dans leur personnage. Wissi interprétée par Nadège Beausson- Diagne en est un bel exemple. Aurore Alévina, non plus ne passe pas inaperçue. Ses gestes et le choix du rouge pour son habillement montre bien une révoltée.
Si l'éléphant est séduit par Wissi, quant à Leclerc c'est Aurore qui lui tape dans l'œil. Deux personnages au sacré caractère. Le Français aurait dû se méfier de la femme en rouge et aurait dû prendre la poudre d'escampette dès qu'il aperçoit Aurore qui lui propose un rendez-vous. Aurore agit et réagit au nom de la justice ; ce que son père et sa mère ont du mal à comprendre. Le comportement de la jeune femme explique simplement celui d'une femme intègre, un peu perdue dans tout ce monde de corruption.
Il est clair que dans ce monde corrompu, c'est l'argent qui contrôle l'homme et non pas le contraire. Le spectateur l'apprendra avec Ovago Bala.
Les effets de la calebasse empirent. La tradition a joué son rôle ; Josiane décide d'y mettre du sien.
Ce film plein de paradoxes et de rebondissements nous tiendra éveillé pendant 98 minutes. Rappelons que la musique du film est composée par les mains expertes de Wasis Diop.

Sitou Ayité

Films liés
Artistes liés
Structures liées