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"Ma mission est d'inciter les jeunes à créer une tradition cinématographique au Togo"
entretien avec Jacques Do Kokou, cinéaste togolais
critique
rédigé par Yohanès Akoli
publié le 30/09/2007

Doyen controversé dans la promotion de cinéma au Togo, jacques Do Kokou vient de tracer son sillon : celui de porter le 7è art en milieu rural. Il s'agit des zones reculées au Togo, qui visiblement n'ont pas accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ceci dans le but de créer des contacts humains et culturels entre les techniciens de l'image et les habitants des villages. Délégué général des rencontres du cinéma et des télévisions de Lomé (RECITEL), promoteur du cinéma itinérant du Togo (CIT), Do Kokou a officiellement lancé le 21 août dernier la caravane du cinéma 2007. A la veille de cette caravane au cours de laquelle des films africains francophones seront projetés dans les 34 préfectures et sous-préfecture du Togo, nous l'avons rencontré.

Pourquoi une caravane de cinéma au Togo ?
La caravane de cinéma 2007 au Togo, se situe dans le cadre de nos actions qui consistent à apporter le cinéma aux togolais partout où ils se trouvent. La caravane a commencé il y a deux semaines et six jours dans certains quartiers de Lomé. Depuis le 4 septembre, la seconde étape a débuté par Dapaong où nous allons passer 2 jours. C'est ce qui se fera dans les autres parties du Togo. Nous sommes attendus à Lomé le 22 décembre prochain.

Peut-on parler avec le cinéma itinérant ou les RECITEL de la naissance d'un nouveau modèle d'exploitation cinématographique au Togo ?
Exactement ! J'ai trouvé des structures, des hommes et des moyens financiers pour faire le cinéma. Donc, nécessairement, il faut les former. Ce qui a abouti aux rencontres du cinéma et des télévisions de Lomé. Le cinéma est un secteur industriel avant tout donc, il faut des gens. Au Togo, nous n'avons pas de mécènes, des gens qui sont prêts à investir dans l'art. Le combat de l'Association pour la promotion de la culture, des Arts et Loisirs (APCAL), c'est d'amener les gens à investir dans l'art en se disant quand j'investis, je vais avoir en retour des bénéfices.

Quels sont les résultats attendus à l'issue de cette caravane nationale du cinéma ?
En tant que technicien de l'image, j'ai fait un constat. Actuellement, nous sommes envahis par les images venues d'ailleurs. Et si nous ne faisons pas attention, nous ne serons plus nous-mêmes, le Togolais n'existera plus. On parle de paix et de réconciliation au Togo, il faut qu'on fasse des images qui traitent de ces thèmes -là. Les Ivoiriens ont compris cela ! Pourquoi pas nous ? Donc, revenant à la question, c'est qu'au Togo, il y a des réalisateurs, il y a des œuvres mais le public ne les voit pas. Tout ce qu'on attend, c'est de créer un public pour ces œuvres et aussi lui donner l'occasion de voir le cinéma des autres. Il faut que nous sentions dans les images la culture du Togo.

Pourquoi faites-vous la promotion du cinéma au Togo alors que vous ne réalisez pas assez de films ?
Justement, c'est ce que les gens pensent. Ce n'est pas nécessairement moi qui dois le faire. Ma mission, c'est d'inciter les jeunes à le faire. Lorsque je trouve de l'argent, je peux faire des films et vouloir mon honneur. Mais j'ai plutôt organisé les RECITEL. Ce faisant, de nombreux jeunes aujourd'hui savent comment faire un film. Cette satisfaction me suffit.

Quel type de relation entretenez-vous avec la Francophonie ?
C'est à partir de 2002, quand j'ai pris en main le CIT, que mes liens avec l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) ont été scellés. Le projet a rencontré l'assentiment de l'OIF qui, à la même période, voulait à travers son projet de cinéma en zone rurale, essayer de montrer au public africain les films africains en zone francophone qu'elle a produits. Bref, ils ont trouvé que mon projet était bon et ils m'ont soutenu.

Quel bilan faites-vous de l'utilisation des matériels de projection de film que la Francophonie a laissés à votre disposition pour la promotion du 7ème art au Togo ?
Nous aurions faire mieux. Malheureusement, nous n'avons pas les moyens de notre politique. Nous allons dans les établissements scolaires et nous prenons 50 francs CFA, pas pour nous s'enrichir. Mais l'on doit savoir que la chose culturelle n'est pas gratuite, cela se paie et le spectateur est le premier producteur d'un film.

Vous êtes le promoteur des RECITEL qui en novembre prochain seront à leur seconde édition. D'abord, quel bilan faites-vous de la première édition et quelles sont les innovations de cette année ?
Nous avons eu à parler à une quarantaine de jeunes au cours de ces rencontres. Nous avons eu la possibilité de mettre devant eux trois expatriés. Malheureusement, nous ne pouvons pas tirer un bilan positif de cette première édition. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a eu cinq films qui ont été réalisés par ceux qui ont participé aux ateliers. Conclusion : l'année dernière, nous pouvons dire qu'en plus de ce que le Togo a comme films, cinq films sont nés même si certains les qualifient de navets.
À propos des innovations de cette année, il y aura un concours cinématographique. Ce concours va consister à réunir les jeunes et à les initier. Ensuite, ils seront repartis en groupes, et chaque groupe va faire un film qui sera mis en compétition. Les meilleurs films seront récompensés.

Quel est votre regard sur le cinéma au Togo ?
Il est regrettable qu'on situe le problème du cinéma sur une personne. C'est une affaire à nous tous. Toutefois, il faut que les gens reconnaissent qu'il y a quelque chose de nouveau qui se fait. Il faut redynamiser nos structures. Il faut que la télévision nationale fasse un effort pour soutenir les productions nationales. Mon souhait est que, quand il arrive que l'État donne une subvention à quelqu'un, qu'on se souvienne qu'il y a des gens qui existent. C'est l'État qui doit nous obliger à travailler ensemble.

Yohanès Akoli

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