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Les plasticiens du 7ème art font leur show
critique
rédigé par Ludovic O. Kibora
publié le 02/12/2007

Fespaco 2005. 10 mns d'une fiction jouée par des marionnettes animées, embaume la salle noire, d'une hilarité éclatante. Tiga au bout du fil, est le titre de ce film réalisé par Rasmané Tiendrébéogo, sur le téléphone portable qui prend sa place dans une société qui n'en maîtrise pas tous les contours. C'est beau, c'est bien, mais placé au milieu d'autres styles dans une compétition officielle d'un festival, ça passe difficilement.

Cinéma d'animation, un genre mineur en Afrique ? Non ! un cinéma plutôt jeune qui cherche sa place au soleil. C'est ce que Monica Blanc Gomez et ses amis ont tenté de démontrer du 25 au 31 octobre au centre culturel français Georges Méliès. Cette deuxième édition "DES TOILES ANIMÉES" coïncide avec la célébration de la journée mondiale du Cinéma d'animation et fait du Burkina le 50ème pays à célébrer cette journée dont le soleil s'est levé un certain 28 octobre 1892, au musée Grévin de Paris.

En 2006 on dénombrait en Afrique plus de mille films réalisées en Afrique dans ce style, ce qui signifie que la mayonnaise commence à prendre. Au-delà de l'histoire, c'est la façon de la dire qui séduit dans ce genre cinématographique où des formes bizarres, des statuettes d'hommes où d'animaux sont utilisées pour dire des vérités qui seraient très compliquées à exprimer autrement. Le Nigérien Moustapha Alassane a longtemps fait cavalier seul avec des réalisations courtes et bonnes. La difficulté de faire circuler ces films dans un circuit commercial grand public, réduit leur expressivité sociale que des festivals comme celui de Ouagadougou s'attachent à réhabiliter.

Au Burkina Faso, Raso Tiendrebeogo, Ollo Kambou, Justin Zerbo, Pitroipa…sont de jeunes pionniers téméraires qui croient en leur art. Ils montrent par leur cursus en quoi le cinéaste d'animation est un véritable artiste plasticien qui coupe, colle et dessine avant de faire mouvoir des choses qui expriment de profondes idées. Travail long et persévérant qui ne saurait aboutir sans un amour particulier d'un métier qui est loin de rapporter gros sous nos cieux. Heureusement qu'avec les nouvelles technologies, le cinéma d'animation dispose du net et de logiciels performants pour une visibilité mondiale et un gain de temps et d'effort incommensurable.

La semaine organisée par le CCF-GM et Veenem films est une initiative louable qui mérite d'être encouragée et soutenue au pays du Fespaco, afin que cette catégorie de cinéma dont les plus grandes réalisations sur l'Afrique sub-saharienne sont faites par des gens d'ailleurs, puisse avoir une autre senteur. C'est pourquoi, en plus de la dizaine de projection quotidienne que les cinéphiles ont eu le plaisir de voir, les organisateurs ont privilégié l'échange d'expérience et de savoir-faire. Des invités de marque dans le domaine du cinéma d'animation tels que Enzo d'Alo, Baccalario (Italie) Jean Pierre Tardivel (France), Mariama Camara (Guinée) et Kodjo Agbotse (Togo), ont au coude à coude avec leurs collègues Burkinabès, certainement concocté de bonne recettes pour les sauces à avenir. Peut-être que tout doucement est en train de naître lentement mais sûrement le Fespaco du cinéma d'animation. Juste une question d'engagement !

Ludovic O. Kibora

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