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FIFIVIL 2007 : le fiasco ou le comble d'une mauvaise organisation
critique
rédigé par Yohanès Akoli
publié le 04/12/2007

Encore un choc pour le cinéma au Togo ! Kouégan Ekoue Djenou, directeur de la cinématographie nationale du Togo, a brillé par un échec à la 4éme édition du festival international du film vidéo de Lomé (FIFIVIL) qui a clôt ses rideaux sur fond de controverse et d'incertitude poussée. Les interrogations s'alimentent, et fusent de part et autre dans le pré-carré des professionnels de cinéma. Fifivil a-t-il signé sa mort ce 05 octobre ? Aura t-il une édition prochaine en 2009 ? Pas de réponse. Les hôtes, les réalisateurs invités dans une très grande discrétion cachent leur désarroi. Il faut coincer dans les coulisses Hubert KINIFFO réalisateur venu du Bénin, président de jury de Fifivil 2007, avant qu'il ne décide de rompre le silence, sortir de sa réserve et avoir le culot de lâcher "tout est contraire chez vous ici". Il témoigne que c'est en 2005, lors de sa première participation, qui a vu son film Les doigts sacrés remporter le premier prix qu'il a constaté que Fifivil est un moulin à problèmes.

En huit jours, tout s'était pourtant bien déroulé pour que, ce vendredi 05 octobre, au Goethe Institut de Lomé, les différents films en compétitions soient couronnés et qu'on connaisse le film qui aura le grand prix du festival. D'ailleurs l'une des innovations cette année était "L'épervier d'or". Participants comme journalistes, tarissaient jusque là de salive pour connaître le lauréat de l'épervier d'or du Fifivil 2007. voilà donc, venu le moment, où le directeur du festival Kouégan Ekoue Djenou, encore rapporteur du jury, de prononcer le verdict final en dévoilant au public le film sacré meilleur au cours de cette 4éme édition. Surprise ! Un court métrage. Le prix du voyage de Claver Gadji Assiongbon fut déclaré "Grand prix épervier d'or 2007". À cela s'ajoute, le documentaire Peinture de terre de Baba Kane du Mali qui a eu le prix du 'meilleur film documentaire' et du prix spécial 'traitement de thème' reçu par Glaï Brigitte de la Côte d'Ivoire pour son film Barako.

Le hic est que Baba Kane et Glaï Brigitte font aussi partie du jury. Mais quel jury ? C'est à cet instant précis que Fifivil va se mettre à écrire le scénario le plus lugubre de son existence.
Emmanuel Tomi, n°2 de Fifivil, fait une apparition devant le public et dit en substance : "Je mets en doute la qualité du jury ; dans aucun festival de cinéma au monde, le court métrage n'a jamais eu le grand prix du festival. Qu'on prime des films dont les réalisateurs font partie du jury du festival, c'est anormal". Il enfonce ensuite le clou, et c'est le climax de la soirée. Il dit, je cite : "le film primé, Le prix du voyage a été un plagiat de mon long métrage La grippe du voyage". Il explique que le réalisateur en question avait collaboré avec lui sur son film et c'est de là qu'il a piqué son scénario.
Conséquence "Je démissionne du poste de coordonnateur de Fifivil, et je porte plainte contre Claver Gadji…". Aussitôt, la pendule a tourné autrement, le spectacle est intoxiqué. Ce fut alors établie une cour de justice de séance, ou les uns après autres se relaient à la barre pour défendre les remarques poignantes faites par le coordonnateur.

Première réaction, Ekoue Djenou monte à la tribune et dit "toute tentative de déstabilisation visant à faire ranger Fifivil dans les annales de l'histoire cinématographique du Togo sera vaine".
Baba Kane, le Malien descend à son tour dans l'arène pour donner réplique "j'étais dans le jury, mais seulement dans le jury fiction et de série. Mais lorsqu'il s'agissait du jury documentaire, j'étais 'out' parce que mon documentaire La peinture de terre' était en compétition. Je me suis fait donc remplacer par Glaï Brigitte, l'Ivoirienne."
Quant au lauréat controversé, Claver, il donne sa version des faits à propos de sa collaboration avec Tomi. Il dit "j'ai travaillé avec Tomi dans le cadre d'un tournage raté de son film, La grippe du voyage traitant de l'immigration. Mais ce n'est pour autant, une raison qu'on me défende de traiter cette thématique sous un autre angle dans mon court métrage Le prix du voyage, j'ignore ce qu'il appelle par plagiat."
Reste alors, Hubert KINIFFO, le président du jury, à dire son mot. D'abord il a fustigé l'acte de Tomi, ce qu'il a qualifié "d'insulte pour l'Afrique". Il a donc ensuite, invité le directeur du festival, à se poser des questions sur pourquoi à chaque édition il y a des problèmes. "Je constate que les gens ne lui font pas confiance, et lui-même ne fait pas confiance aux gens" poursuivit-il.

Par ailleurs, l'autre scénario de la clôture, fut le refus du directeur du festival de remettre les prix (des statuettes qui étaient bien exposées devant tout le monde) aux lauréats. On comprendra pus tard, que ces trophées ont été fournis par Emmanuel Tomi, son collaborateur d'hier. Séance tenante, le public est convié sur une date de remise de prix qui lui sera ultérieurement communiqué.
En somme, il faut s'interroger sur l'avenir de nos images, celles qui viennent encore de subir un choc planifié par les metteurs en scène de son existence.

Yohanès Akoli / Togo

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