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Tuer la violence en soi
Daratt, de Mahamat-Saleh Haroun (Tchad)
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 22/01/2008

Étalon de bronze de Yennenga, Prix de la meilleure image et Prix union européenne au 20e Festival International du Film et de Télévision de Ouagadougou (FESPACO 2007), Daratt (Saison sèche) est loin de finir sa course à couronnes. En effet, le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, vient de remporter le "Python Royal", 1er prix du Festival International du Film de Ouidah, Quintessence 2008, avec son troisième long métrage qui traite de la question de la violence dans nos sociétés, notamment des violences intercommunautaires.
Le jeune Atim à la recherche du criminel de son père arrive à N'Djaména et se fait embaucher dans la boulangerie du vieil homme recherché, Nassara. Agé d'une soixantaine d'années, celui-ci est la cible unique de Atim ; mieux encore, de sa famille dont l'honneur est en jeu. La tradition est intransigeante sur cette logique de la vengeance : cet impératif ne laisse aucun choix au pauvre Atim.
Le scénario s'est proposé de traiter la violence sous une forme transcendantale : tuer la violence en soi. Aussi remarque-t-on le long de la trame de ce chef-d'œuvre filmique, les multiples scènes de violence intérieure, de violence comprimée, de violence qui explose quand même quelques fois de façon mineure. Les silences remplis de paroles et d'actions violentes, s'ajoutent à la netteté de l'image et aux plans réussis qui chantent la beauté de Daratt.
Les prières répétées à la maison comme à la mosquée renforcées par les aumônes aux pauvres, peuvent-il racheter le vieux Nassara du sort qui est le sien ? "Le pain n'est bon que lorsqu'il est fait avec amour", interpelle le tortionnaire qui essaie de s'arroger les grâces d'un père de famille, voire du père de Atim. La relation est difficile mais étrangement complice d'une intimité forte, d'une intimité sacrée enfin car allant au-delà du respect de la vie de l'homme.
La main tremblante et le doigt maintes fois posé sur la gâchette du revolver que lui a confié son grand père, le jeune homme pourrait-il enfin accomplir sa "noble" mission de vengeance ?

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