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Le centre et la périphérie
37ème Festival International du Film de Rotterdam 2008
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 02/02/2008

Le 37ème Festival International du Film de Rotterdam a démarré le mercredi 23 janvier, avec Lamb of God de Lucía Cedrón (Argentine), et surtout avec beaucoup de promesses. Mais ceci n'est qu'une tautologie. La richesse du programme de cette manifestation ouverte essentiellement pour des premières œuvres est devenu une tradition. Outre la sélection officielle, les programmes parallèles laissent de la place à de nombreuses œuvres qui ont marqué l'actualité cinématographique mondiale et qui viennent d'horizons et de cultures très divers.

Parmi les aspects qui attirent notre attention un intérêt particulier à des films qui, mis ensemble, font de ce festival un espace de rencontre entre les cultures. Il y en a de toutes les cultures en effet, soit au niveau des thèmes, soit au niveau de la philosophie présidant aux choix.

Le film le plus explicite qui aborde cette thématique est certainement Dans la vie de Philippe Faucon. Le cinéaste français y aborde, à travers la peinture de la vie quotidienne les relations entre communautés arabes et juives. Nous citerons dans le même ordre d'idées Nûba d'or et de la lumière, documentaire franco-marocain de Izza Génini qui aborde la musique marocaine d'inspiration arabe et andalouse.
C'est à ce titre aussi que nous remarquons avec bonheur la présence du Franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui, après le succès incontestable à Venise viens défendre le drapeau du cinéma français. Nous saluons également la programmation de La Maison jaune, un film d'un autre auteur maghrébin, l'Algérien Amor Hakkar. Ce jeune réalisateur algérien vient défendre la culture authentique des berbères de la région des Aurès en présentant un film entièrement en chaoui, l'une des langues berbères du grand Atlas. Du côté du Moyen Orient, nous vient Falling from Earth, un film libano-français de Chadi Zeneddine.

Dans cet esprit, le festival présente des auteurs qui appartiennent à la génération des cinéastes qui sont plus confirmés. Tel est le cas de Youssef Chahine qui présente, Chaos (Hya Faoudha) son nouveau long métrage, qu'il coréalise avec le jeune premier Khaled Youssef. C'est le cas du non mois célèbre réalisateur Cambodgien, Rithy Pahn qui accompagne son documentaire sur la propagation de la prostitution infantile dans son pays.

Ce sont là quelques exemples qui montrent à quel point le Festival International de Rotterdam est porté par une volonté certaine de s'ouvrir sur les cinémas du monde entier et plus particulièrement sur ceux du Sud. Toutefois, comme dans la plupart de tant d'autres grands festivals, certaines cinématographies semblent être bannies des cercles restreints des sélections officielles. On se souviendra toujours de cas comme Bamako de Abderrahmane Sissako et de Moolaadé de feu Ousmane Sembène qui avaient eu un grand succès au festival de Cannes combien même ils n'étaient pas en compétition.

Les cas de films comme Daratt, la saison sèche de Mahamet Saleh Haroun et de La Graine et le Mulet de Abdellatif Kechiche à Venise, ou encore celui de Karmen de Gaye Ramaka restent rares. Ne sont-ils pas finalement que des exceptions qui confirment la règle ? Quel sens cette place réservée aux cinémas du Sud a-t-elle ? Ces films ne subissent-ils pas le poids qui pèse sur leurs cultures ? Sont-ils condamnés à ne jamais atteindre le centre et à jouir de la gentille permission donnée par les hautes instances du cinéma mondial de rester sur la périphérie ?

Hassouna Mansouri

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