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Plein champ sur la cantatrice du Sine
Yandé Codou Sène, la Diva Serère, de Laurence Gavron (France/Sénégal)
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 07/02/2008

Laurence Gavron a projeté son dernier film le mercredi 30 janvier pour la presse au Pen'art (club, Dakar), en attendant la Première qui aura lieu à Sorano.

Après le cinéaste Feu Djibril Diop Mambety, le chanteur Samba Diabaré Samb, le maître du Xalam, la réalisatrice Laurence Gavron tourne sa caméra sur un autre "trésor humain vivant", la cantatrice Sérère de renom, Yandé Codou Sène. Dans un documentaire, intitulé Yandé Codou Sène, la diva Sérère, la Franco-sénégalaise revient sur les premiers pas artistiques de l'enfant de Diakhao qui a toujours chanté le président poète Léopold Sédar Senghor.

En une heure quatre minutes, le film documentaire Yandé Codou Sène, la diva Sérère, va à la rencontre du chant polyphonique Sérère à travers la cantatrice Yandé Codou Sène. La chanteuse traditionnelle, visiblement affaiblie par le poids de l'âge, déroule le film des débuts de sa vie artistique devant la caméra de la réalisatrice Laurence Gavron. S'illustrant dans la danse, à treize ans déjà, elle a dû mettre en veilleuse cet art pour hériter de sa mère la chanson. Et c'est à travers des clichés pris à cette époque où sa mère chantant et son père battant le tam-tam devant le président Senghor que la cantatrice du Sine revient sur ses traces. Sa voix depuis lors au son du tam-tam de son oncle transcende alors paysage, bras de mer…
Et même les contrées ethniques du Nord et de la capitale sénégalaise sont servies à travers la chaîne Radio Sénégal des chansons de Yandé Codou Sène, comme en témoignent des artistes dans le film. Au-delà de ce royaume du Sine qu'elle a marqué et continue de marquer, la cantatrice Sérère a aussi séduit le monde des Hal Pulaars. Avec ses cousins à plaisanterie, la diva Sérère raconte dans le film les origines de leur cousinage à plaisanterie. Sans oublier les Lébous avec qui les Sérère sont liés par leurs croyances animistes.

À travers ce film portrait sur Yandé Codou Sène, la réalisatrice parcourt les villages de Joal, Gandiaye, Gossas, Djilor, etc. Une belle cartographie en plongé ou en panorama du royaume d'enfance du poète Senghor qu'offre la réalisatrice qui est aujourd'hui sénégalaise de nationalité. Le projet est de faire découvrir la poésie et la rythmique du chant Sérère, avec le concours de critiques littéraires Racine Senghor et Raphaël Ndiaye mais dont les noms inscrits en blanc sont invisibles sur les images. De leurs analyses, il ressort que ce chant Sérère se singularise avec "une musique et une poésie qui vont de pair. Celle-ci obéit à un tempo et est dansante."
Mais Yandé Codou Sène ne peut pas être présentée sans évoquer Senghor. Ainsi, tout au début du film, Laurence Gavron se promène avec sa caméra dans les quartiers de Joal. Et devant la statue du président-poète Senghor, la cantatrice revient sur les liens qui l'unissent avec le premier président du Sénégal.
Le film Yandé Codou Sène, la diva Sérère pèche un peu dans une mise en scène improvisée des cantatrices de la lutte avec tout au long du film des interviewés quasi anonymes. Mais sa qualité réside dans cet enseignement de la mémoire très utile aux jeunes générations. Surtout lorsque les villageois reviennent sur la symbolique du Baobab cimetière des griots en pays Sérère. Yandé Codou Sène, la diva Sérère vient toutefois enrichir la filmographie de la réalisatrice Franco-sénégalaise qui a tendance à se spécialiser dans les films documentaires et surtout de portraits.
Et son domaine de prédilection semble être les artistes chanteurs. Même si auparavant, le cinéaste feu Djibril Diop Mambety a attiré son attention. Ainsi, entres autres réalisations, Laurence Gavron a réalisé des documentaires sur feu Ndiaga Mbaye et Samba Diabaré Samb, le maître du Xalam.

Fatou Kiné SENE

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