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Les images de plus en plus rares sur le grand écran à Porto-Novo
critique
rédigé par Justin Amoussou
publié le 07/02/2008

À Porto-Novo, la capitale du Bénin, les salles de cinéma désemplissent de jour en jour. L'intérêt manifesté par les Porto-Noviens pour les sorties au cinéma a considérablement décru. Et les causes de cette baisse de fréquentation des salles de cinéma sont diverses.

Dans un contexte de hausse généralisée du prix des DVD, le piratage ambiant, sans oublier la création de nouvelles télévisions, quel avenir pour le grand écran ? Qu'est-ce qu'une salle de cinéma a d'irremplaçable pour les milliers d'âmes Porto-Noviennes ? La magie de l'écran blanc, le désir de la rencontre d'une inconnue ou bien le rire partagé avec d'autres ? Le prix exorbitant des places de cinéma a-t-il engendré une baisse des fréquentations des salles de cinéma ? Le constat aujourd'hui reste que beaucoup de salles de cinéma installées dans les principales villes du Bénin se vident. Le cas le plus préoccupant est celui de Porto-Novo, pourtant capitale du Bénin. Comme pour mettre fin aux jérémiades des habitants de cette ville, le régime du président de la République Dr. Boni Yayi a promis la réhabilitation de cette capitale. Joignant l'acte à la parole, le président de la République a même décrété en décembre 2007 que l'année 2008 sera l'année de la capitale Porto Novo. Ce qui, sans nul doute, donnera un coup d'accélérateur au projet de la réhabilitation. Aussi, il a été annoncé l'allègement fiscal à tout investisseur désireux de s'installer à Porto-Novo.
Pourtant, dans le secteur du cinéma, tout laisse encore à désirer. Les deux salles de cinéma en vue n'accueillent plus de cinéphiles animés par le souci de diversité des films, de leur pluralisme et évidemment de leur qualité. Selon le cinéaste camerounais Dikongué Pipa : "on va au cinéma parce qu'on en a envie, non parce qu'on y répugne, et on y va dans l'espoir que le film plaira, non qu'il déplaira d'autre part. Dans un système social de cette nature où le spectateur n'est pas contraint physiquement d'aller au cinéma, mais où il importe néanmoins qu'il y aille afin que l'argent donné à l'entrée permette de tourner d'autres films et assure ainsi l'auto production de l'institution, et c'est le caractère propre de toute institution véritable que de prendre elle-même en charge les mécanismes de sa perpétuation". Dans la capitale béninoise, surtout dans les quartiers périphériques, les jeunes se contentent des vidéos clubs installés dans des ghettos. M. Jean Agossou est tenancier d'un vidéo club. Il affirme qu'il n'est astreint à aucune patente vis-à-vis des services de l'impôt. "Puisque beaucoup d'enfants et de jeunes gens manquent de cadres de distraction dans la ville de Porto-Novo et principalement de salles de cinéma, j'ai pris l'initiative d'en créer un vidéo club dans ce ghetto pour satisfaire leurs besoins", justifie-t-il.
Si dans la plupart des pays c'est la mauvaise qualité des films qui agit sur la fréquentation des salles de cinéma, tel n'est pas le cas au Bénin principalement à Porto-Novo. La cause conjoncturelle semble prendre le dessus sur tout. D'autant plus qu'il y a moins d'activité économique dans la capitale. Autrement dit, les cinéphiles malgré leur volonté de découvrir de nouveaux films manquent de ressources. Dès lors, avec le pluralisme médiatique au Bénin marqué par la création de nouvelles télévisions, la baisse de fréquentation des salles de cinéma devient de plus en plus dramatique. Grâce au soutien des partenaires, surtout privés avides de publicité pour leurs produits, assez de feuilletons étrangers et documentaires inondent les nouvelles chaînes de télévisions béninoises. Cette situation vient enfoncer le clou et on s'interroge sur le sort du cinéma béninois. Malgré cela, le Directeur béninois de la cinématographie, M. Akala Akambi, affirme que le cinéma béninois n'a pas de problèmes particuliers. Selon lui, le cinéma béninois souffre de maux communs à ceux de plusieurs pays de la sous région et de l'Afrique à savoir la baisse de fréquentation des salles de cinéma, le manque de formation des acteurs de cinéma, le besoin de financement du secteur, la non rentabilité des salles, la cherté des prix de location de films et autres. Il a conclu en soutenant que l'espoir est permis. Seulement, si l'une des missions de la direction béninoise de la cinématographie est la mise en œuvre de la politique nationale en matière d'aide de l'État au cinéma, que prévoit le gouvernement pour le cas de la capitale qu'est Porto-Novo ? Car, le grand écran demeure blanc et les images se meurent, pendant ce temps, les cinéphiles s'inquiètent.

Justin AMOUSSOU

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