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"J'ai toujours eu des histoires d'amour entières"
Katoucha Niane, actrice principale dans Ramata (de Léandre Baker)
critique
rédigé par Thierno Ibrahima Dia
publié le 08/02/2008

Disparue à Paris depuis le vendredi 1er février dernier, le mannequin-écrivain et actrice Katoucha Niane ne donne toujours pas signe de vie. Jusqu'à ce vendredi 08 février, les recherches entreprises dans la Seine n'avaient pas encore donné de résultats ; ses proches et amis (tout en gardant l'espoir) craignent qu'elle n'y soit tombée. Clin d'œil du destin ? Dans le film Ramata dont le tournage s'est achevé à Dakar le samedi 22 décembre, où l'ancien mannequin tient le premier rôle (et son premier au cinéma), elle y campe le rôle d'une femme au sort tragique. Réalisé par Léandre Baker (Congo) dont c'est le premier long métrage de fiction, adapté du roman éponyme de l'écrivain sénégalais Abasse Ndione, il est question dans cette production de grandeur et décadence d'une femme qui a toujours eu des histoires d'amour entières.
Rencontrée à Dakar, en décembre dernier, pour les besoins du tournage et de la promotion de son livre autobiographique, em>Dans ma chair/em> (éditions Michel Lafon, 2007), la "Princesse peule" - fille de l'historien Djibril Tamsir Niane (auteur du célèbre roman Soundjata) - explique dans cet entretien ses débuts au cinéma.

Africiné : Qu'est ce qui vous a poussé à accepter de jouer dans ce film, est-ce le roman ?

Katoucha Niane : Je n'avais que le scénario du réalisateur, Léandre. Parce qu'on n'a pas voulu que je lise le livre. Et surtout parce que cette histoire a eu tellement de similitude avec ma vie. Je ne voulais jamais être actrice parce que j'estime qu'il y a des hommes et des femmes qui savent bien le faire et je les respecte beaucoup. D'ailleurs ma sœur est comédienne. À ce moment, je vous dis que je n'ai pas eu l'impression de jouer, tellement Ramata me ressemble. Voilà comment je me suis embarquée dans cette histoire.

C'est par rapport au vécu de cette femme que cette histoire vous a plu à la première lecture du scénario ?

Oui, Oui. Comme dit le producteur Moctar Ndiouga Bâ, c'est grandeur et décadence. Cette femme est entière et moi je suis exactement comme ça. Elle n'hésite pas à tout laisser, un mari ministre, de la fortune et tout ce qui va avec par amour avec un jeune garçon de 25 ans qui sort de prison (rires). Et moi je suis à peu près comme ça. J'ai toujours eu des histoires d'amour entières. Ramata est une femme décidée qui sait ce qu'elle veut. Et après à la fin de l'histoire, elle bascule dans la folie.

Vous êtes vous posé la question au début à savoir si vous seriez à la hauteur de ce rôle, de ce personnage assez singulier ?

J'ai douté de moi jusqu'au dernier moment, mais il fallait me disais-je me surpasser. Et c'est cela qui m'a plu dans cette aventure. Je suis très heureuse de dire aujourd'hui qu'on a terminé un film, je l'ai fait et cela n'a pas été si mal, j'ai été jusqu'au bout. Maintenant vous me direz lorsque vous verrez le film puisque vous êtes des critiques.

Vous venez de sortir une autobiographie qui explique comment vous vous êtes confrontée à la vie, vous vous dévoiliez dans ce livre. Avec ce film est-ce un autre dévoilement ?

Mais non. C'est une très belle aventure que je viens de vivre. Je ne savais pas que je pouvais jouer et vivre avec les mêmes personnes pendant six semaines le temps qu'a duré le tournage du film. C'est quelque chose d'assez difficile pour moi de le comprendre, mais j'ai eu des professionnels formidables. Le directeur de la photo François Kuhnel et le réalisateur Léandre Alain Baker ont mis en avant le fait que j'avais justement ce vécu de mannequin qui me permettait d'avoir une manière de poser et de passer à l'autre étape : celle de l'actrice. Ramata est vraiment une femme. Elle n'est pas forcément une Africaine, elle est universelle. J'ai aimé la démarche du producteur Moctar de vouloir faire un film, pas forcément un film africain.

C'est votre premier rôle au cinéma ; comment l'avez-vous vécu ?

Cela s'appelle un baptême de feu. (Elle éclate de rire) d'ailleurs, on a commencé avec une scène où je fais l'amour avec un acteur que je ne connaissais pas auparavant. C'est assez éprouvant.

Quelle a été l'ambiance de tournage du film ?

Le film a été tourné dans un rythme assez tenu, tout le monde était ravi de faire ce film et d'aller au bout. Je suis sûr qu'au début, il y a eu certains techniciens qui disaient "mais on va perdre du temps avec elle, c'est un mannequin, elle va nous faire chier, etc.". Mais ils ont finalement vu que j'étais une professionnelle et que je respectais tout le monde. En tout cas cela c'est très bien passé, c'est une très belle aventure que je viens de vivre.

Avez-vous eu des blocages dans le rôle que vous interprétiez ?

Mais si. Je vous disais tout à l'heure que l'on a commencé avec une scène d'amour. La première scène que je devais jouer le premier jour, était une scène d'amour. Je vous dis que, et c'est assez impressionnant, d'avoir un monsieur au-dessus de vous que vous ne connaissiez pas une heure auparavant.
C'est cela le cinéma. J'ai appris et j'espère que je me suis bonifiée au fur et à mesure que le film a duré.

Cela vous tente-t-il de poursuivre l'aventure au cinéma ?

Vous savez nous venons de terminer le dernier plan du film aujourd'hui (Ndlr : le samedi 22 décembre 2007). Le film est bouclé. Laissez moi le temps de comprendre ce que je viens de traverser et puis après on verra. Mais je sais qu'il y a l'idée de faire un film de mon livre autobiographie que je viens de publier. Mais évidemment, ce ne sera pas avec moi puisque je n'ai plus vingt ans (rires). Non on verra, on verra. Avec le film Ramata, c'était exceptionnel. Je ne sais pas si je vais refaire du cinéma ou pas, mais cette aventure a été formidable.

Propos recueillis par
Fatou Kiné SENE
et Thierno Ibrahima DIA

Article paru dans le quotidien Wal Fadjri (Dakar) du vendredi 08 février 2008, page 8.

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