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The making of Moolaadé, de Samba GADJIGO (Sénégal)
Tourner est un casse-tête
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 09/02/2008

Après le documentaire L'Envers du décor produit par Paulin Soumanou Vieyra autour du tournage de Ceddo (1979) de Ousmane Sembène, un autre réalisateur sénégalais, Samba Gadjigo tourne sa caméra sur le travail du doyen Sembène. Et cela donne le documentaire The making of Moolaadé (25 minutes) qui revient sur les péripéties du tournage du film Moolaadé au village de Djérisso au Burkina Faso.

Le réalisateur sénégalais Samba Gadjigo tourne sur le plateau de Ousmane Sembène 24 ans après son aîné le réalisateur Paulin Soumanou Vieyra. Paulin Soumanou Vieyra avait réalisé le making of L'Envers du décor durant le tournage de Ceddo (1979) de Ousmane Sembène. En 2003, Samba Gadjigo réalise The making of Moolaadé. Et qui disait que jamais "l'aîné des anciens", Ousmane Sembène n'a accepté que quelqu'un même en simple spectateur s'invite sur son plateau de tournage ? À plus forte raison avec une caméra pour fixer ses moments de créations ? Aujourd'hui autant le film de Paulin Soumanou Vieyra (qui a écrit après son documentaire une autobiographie) que celui de Samba Gadjigo renseignent de l'ouverture du doyen sur son travail à la jeune génération. Ce qui déjà rend intéressant ce court-métrage documentaire The making of Moolaadé du réalisateur sénégalais Samba Gadjigo qui a promené sa caméra partout sur le plateau de Djerisso au Burkina Faso. Mais le Professeur sénégalais Samba Gadjigo, qui enseigne aux États-Unis au Mount Holyoke College (Massachusetts) a eu de la chance. Car, sur la demande de Sembène, il le rejoint sur son plateau de tournage du film Moolaadé au village de Djerisso au Burkina Faso. Mais l'on est tenté de se demander pourquoi Sembène a accepté que Samba Gadjigo assiste à son tournage ? Après multiples hypothèses, l'acceptation du doyen à la condition posée par Gadjigo de venir avec sa caméra doit certainement être lié à ce cordon ombilical que Ousmane Sembène entretenait avec son "Jarbaat" (prononcer "Diarbaate", "neveu" en Wolof). Au finish, la rencontre fut fructueuse et belle dans la démarche filmique. Malgré, les images floues présentées par le réalisateur qui tente de se faire excuser par un "c'est la première fois que je m'essaie au cinéma" lors de la première du film à Dakar le vendredi 11 janvier 2008.

Le résultat du séjour passé avec Ousmane Sembène est le documentaire The making of Moolaadé. Le professeur Samba Gadjigo - qui était à Dakar pour présenter le film ainsi que son livre biographie "Ousmane Sembène, une conscience africaine" - à travers ce making of montre ainsi les difficultés de tournage d'un film en Afrique. Une caméra qui tombe en panne en plein tournage, un décor naturel qu'il faut adapter livrent quelques brides des problèmes à surmonter. À travers les interviews réalisées, les choses deviennent plus directes. Les acteurs parlent eux-mêmes des difficultés. "Faire un film en Afrique relève d'un acte héroïque", pense Dominique Gentil, directeur de la photo dans le film Moolaadé, et quand Clarence Delgado, le premier assistant du "Vieux", parle, "c'est une véritable aventure". Sans oublier poursuit Delgado "des compromis à faire pour le volet financier et production et post-production des films". Mais le plus attrayant aussi pour celui qui suit le film The making of Moolaadé, l'on se rend compte que des réalisateurs africains travaillent avec ce qu'ils ont à portée de main. Car, dans le film Moolaadé, Sembène a fait jouer des responsables du plateau. Metteur en scène adjoint ou directrice de casting, communication se sont transformés en acteur dans le film. Georgette Pare, actrice dans le film et chargée de la communication et du casting, a été aussi interprète. La plupart des acteurs parlant Dioula, elle sert d'interprète auprès de Sembène. Celui qui a incarné le rôle de Mercenaire dans le film est à l'origine le second metteur en scène et designer. Le Professeur Samba Gadjigo s'est aussi attardé dans son film sur le jeu des acteurs. Et l'on voit ainsi l'exigence de Sembène qui n'hésite pas à demander de recommencer le jeu, si quelque chose n'est pas bien fait. Comme c'est le cas lorsque les petites filles excisées s'adonnent à leur danse. Autre chose témoigne la Malienne Fatoumata Coulibaly interrogée, c'est un caractère du Vieux qu'il faut gérer sur le plateau. "On s'adapte à cela", lance l'actrice. En aucun moment du film le réalisateur du The making of Moolaadé n'a tendu son micro à Sembène.

Mais il est mis en exergue sur des plans rapprochés ou surtout d'ensemble le montrant en scène dans son rôle de superviseur de tout. Autant le contenu du film est intéressant, autant il est à parfaire, surtout du côté technique dans la visibilité des images. Une technique que doit parfaire le "Neveu" de l'Aîné des Anciens du cinéma africain : Samba Gadjigo projette de sortir un autre documentaire intitulé Vie et œuvres de Sembène Ousmane ponctué d'interviews de Sembène et des thèmes développés dans la biographie sortie en 2007.

Fatou Kiné SENE

Samba Gadjigo, Ousmane Sembène, une conscience africaine. Genèse d'un destin hors du commun. Préface de Amadou Makhtar MBOW. Paris : Éditions Homnisphères, collection "Latitudes Noires", 2007, 253 pages. 17 euros (11.150 francs CFA)

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