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Bénin : l'industrie du spectacle cinématographique en panne
critique
rédigé par Gérard Akpotiou
publié le 17/02/2008

Aujourd'hui où il est question de travailler à l'émergence et au rayonnement du cinéma béninois, il se pose avec acuité un problème : celui du manque de salles appropriées.

Des salles de cinéma au Bénin, il ne reste plus rien ou juste peu de chose. Seule la salle du Centre culturel français (Ccf), continue d'offrir jusqu'à ce jour, la possibilité au public béninois d'aller goûter aux délices du cinéma africain. Le constat est assez attristant dans les grandes villes telles Porto-Novo, Cotonou et Djougou. À Cotonou par exemple, les mythiques salles du Ciné Concorde, du Ciné Le Bénin et celle du Ciné Okpè Oluwa des années 90 sont aujourd'hui en lambeau.

La ruine tient au bout de ses griffes ces enceintes trop longtemps restées sans fréquentation humaine. Le Ciné "le Bénin" est même transformé en église. La nature a horreur du vide ! dit-on. Cet adage ne saurait mieux se vérifier en l'état actuel du délabrement quasi déconcertant, dans lequel végètent ces salles de cinéma. À Porto-Novo, si elles ne sont pas consumées par les flammes du Kpayo (essence frelatée), elles se débattent alors sérieusement aux oubliettes. Même quand elles étaient fonctionnelles, on y projetait rarement ou très peu de fois de films africains, il est clair que de deux maux, il vaut mieux opter pour le moindre.

À Djougou dans le département de la Donga, il n'y a que les rares tournées d'artistes de la musique béninoise ou africaine, pour rappeler aux autorités municipales et aux populations elles-mêmes, que le Ciné le Borgou, existe toujours. A l'ère du changement et à l'aune de la révolution cinématographique au Bénin, tout est malheureusement à rebâtir. Et les salles et ce qu'on doit y projeter. Les responsabilités sont tout de même situées et il ne reste qu'à chacune des parties concernées de se saisir de la part qui lui revient. Que le politique sache que tout peuple travaillant au développement, doit aussi s'éduquer, communier et se distraire au détour des créations cinématographiques nationales ou africaines. Quant aux créateurs de ces œuvres cinématographiques, le temps est peut-être venu de braver les difficultés qui anéantissent les efforts d'émergence du cinéma béninois.

Il est maintenant impératif qu'une nouvelle dynamique cinématographique nationale voie le jour. Ces salles en question, n'auraient sûrement pas fermé de si tôt, si les populations avaient souvent été conviées à de régulières messes du cinéma à travers lesquelles, elles se retrouvent et s'identifient. L'alarmisme n'est certes pas à l'ordre du jour. Mais si rien ne se fait au plus pressé, le cinéma en salle va bientôt foutre le camp en République du Bénin. La seule salle du Centre culturel français (Ccf), ne suffit pas encore à cette entreprise de l'émergence de l'industrie du spectacle cinématographique en salle. Le grand écart du cinéma africain s'accroît donc dans la douleur. Le plongeon qui se profile à l'horizon pour l'industrie béninoise du spectacle cinématographique, risque de tout emporter dans sa furie.

Franchement, un cinéma émergent sans la moindre salle adéquate, c'est presque un château de cartes en plein orage. Face aux incertitudes du futur, à la morosité actuelle de l'industrie du spectacle cinématographique au Bénin, il est temps que chacun des acteurs concernés par cette situation, fasse le pari de participer activement à l'amélioration de ce qui existe déjà et à la création de ce qui fait défaut. C'est-là le gage d'un lendemain radieux pour le cinéma béninois et d'une consolidation de l'intégration cinématographique en Afrique.

Gérard AKPOTIOU

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