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L'enfance entre attention et amour
L'enfant noir, de Laurent Chevallier (France, Guinée)
critique
rédigé par Espéra Donouvossi
publié le 17/02/2008

Le film n'est pas un documentaire atypique. Il n'est non plus une pure fiction. Il reste une œuvre filmique qui répond à des caractéristiques essentielles d'esthétique dotées de beaux plans techniques. Les pano-travellings qui reviennent fréquemment font voir les lieux de tournages qui ne sont rien d'autre que l'espace réel de vie des acteurs. Tout ceci fait requérir à ce film un crédit reconnu au genre documentaire. Concernant le casting, le jeu d'acteur pas trop professionnel nous fait dire que le réalisateur a mis en situation ses acteurs. Ces derniers étant choisis dans la famille directe de Camara Laye, l'auteur du livre L'enfant noir.

Paru en 1953, le livre L'enfant noir de Camara Laye était imposé dans le système éducatif au Bénin comme ouvrage de lecture au programme. Ce joyau d'esprit fort simple mais doté d'un travail artistique remarquable est une libre adaptation de ce merveilleux livre qui a fait rêver plusieurs jeunes scolaires en Afrique. La voix off qui reprend les propos du livre renvoie à un souvenir : quand on était enfant, ou à un rêve : la belle enfance.

Baba Camara, l'enfant noir, l'acteur principal doit profiter d'une occasion de transport pour quitter le village de Kouroussa et aller continuer ses études en ville à Conakry. Cette décision prise unilatéralement par le père de Baba, le frère direct de l'écrivain Camara Laye sera l'élément déclencheur de tout ce qu'a voulu montrer Laurent Chevallier à travers son film.

Réalisé en 1995, ce long métrage de 92 minutes d'une dimension documentaire a été sélectionné la même année à la quinzaine des réalisateurs à Cannes. Ayant bénéficié d'une bonne presse dans les medias français, L'enfant noir fera le tour du monde avec de nombreux prix sur des grands festivals dans le monde entier. Car même si le film parle de l'enfant noir, il est aussi évident que l'histoire ne manque pas d'une certaine universalité.

Il montre une famille qui malgré toutes les difficultés et souffrances accorde une attention particulière à l'enfant. Une véritable histoire d'exil qui place l'enfant comme un don de Dieu. L'addition de la quotidienneté de l'Afrique à des leçons du cinéma est le mariage qui donne ce joyau. Des scènes de joie et de pleurs sont présentes dans ce film qui "fait pleurer et fait rire avec la même soudaineté".

Il aborde la condition de la femme dans la culture guinéenne, met un projecteur sur la religion, ses dérives et insuffisances. Le thème tradition-modernité vient subtilement pour ne pas occulter ce qu'est l'Afrique d'aujourd'hui à côte de la poussière et de la chaleur. Malgré tout l'enfant reste un don de Dieu en Afrique.

Ce film, comme toute adaptation au cinéma, permettra à coup sûr d'avoir plus de spectateurs que de lecteurs dans une Afrique où le taux d'alphabétisation est très faible. La diffusion et la promotion de ce film au sein du monde scolaire permettraient aux élèves de mieux comprendre l'esprit de ce livre du récit autobiographique de Camara Laye. Une manière d'enseigner le français par le cinéma, clin d'œil à la francophonie. N'est ce pas aussi une occasion pour faire connaître la beauté et la richesse du cinéma aux jeunes apprenants en Afrique ?

Espéra G. DONOUVOSSI

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