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Pas d'amis dans la guerre, No pitié in business !
Le Mandat, de Sembène Ousmane
critique
rédigé par Hector Tovidokou
publié le 26/02/2008

Dans une ville où le chômage fait feu de tout bois, un homme s'évertue à être honnête envers ses prochains. Le Mandat du doyen des réalisateurs africains Sembène Ousmane, dénote les limites de l'honnêteté dans les sociétés africaines. Long métrage de 86 minutes, Le Mandat (ou Manda Bi, en wolof, langue nationale sénégalaise), met en en exergue le chômage d'un foyer, qui à coup sûr augure un lendemain meilleur grâce à la réception ce mandat-carte. Le film est surtout prétexte à des morceaux d'honnêteté verbale, à d'immense palabres emphatiques et nuisants où, il est question d'une pauvreté ambiante, des hommes, des caractères des femmes et de l'analphabétisme à fort taux d'un pays fraîchement indépendant. Vivant avec ses deux femmes et sept enfants, Ibrahima Dieng est au chômage depuis quatre ans et est endetté jusqu'au cou. Dans cette situation, Ibrahima Dieng (Mamadou Gueye) vêtu d'un boubou richement brodé partira encaisser un mandat de 250 francs que lui aurait envoyé son neveu Abdou de France et ce pendant des jours. Attention ! cette somme équivaut à 25000 francs CFA d'aujourd'hui. En ce temps, tout le quartier accourt déjà vers sa maison dans l'espoir de profiter de sa nature solidaire et généreuse. Fervent musulman, il partage dans toutes les circonstances ce qu'il a, que ça soit avec les mendiants, les amis du quartier et autres. Ses deux femmes Aram (Younousse Ndiaye) et Mety (Isseu Niang) étaient les garde-manger sinon Dieng allait tout partager avec les parasites voisins.
Faisant chaque jour des prêts, dans l'espoir de rembourser, il est complètement noyé pour n'avoir pas encaisser le mandat. Le recours à l'homme d'affaires Mbaye a illuminé et nourri l'espoir de notre ami. Cette somme qui est pratiquement dépensée sans encaissement était repartie en trois : la mère du neveu a droit à 30 francs, lui même 20 et le reste à garder. Ce dernier est menacé par sa grande sœur, humilié par son marchand de vivre, extorqués par des présumés photographes pour lui établir des photos d'identité et au finish escroqué par Mbaye qui, après avoir l'avoir fait signer des papiers et encaisser en son nom propre la somme lui a confié qu'il s'est fait voler par les pickpocket. Des mises en scène drolatiques et inimaginables, Le Mandat de Sembène Ousmane aborde avec complexité, le thème de la pauvreté et peint avec humour et sans concession de la nouvelle société sénégalaise. Va-t-il payer ses dettes ? Sa sœur très assoiffée d'argent va-t-il le comprendre ?

Un mandat très prometteur

L'action du Mandat se déroule dans le Sénégal des années 68, où une pauvreté et économie fragile du gouvernement d'après les indépendances vivotent les populations dans la misère. La réception de ce mandat allait plus ou moins améliorer la condition sociale de Dieng, lui permettra de payer ses dettes envers son marchand de vivre bien qu'il n'a que 20 francs des 250 francs à percevoir, d'approvisionner la maison presque désapprovisionnée et le redorera de son blason d'homme généreux. Ce film accrocheur et émotionnel où s'enchaînent palabres et escroqueries, ouvre les yeux sur une ville en reconstruction économique. C'est la guerre, pas d'amis, c'est les affaires, pas de pitié.

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