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Images et Démocratie. Les congolais face au cinéma et à l'audiovisuel
critique
rédigé par Simon Mbaki Mazakala
publié le 26/03/2008

Images et Démocratie. Les congolais face au cinéma et à l'audiovisuel, de Guido CONVENTS, 488 pages,

1) L'auteur :

Guido CONVENTS est historien et anthropologue belge. Spécialiste des films du sud, il est l'un des fondateurs de l'AFRIKAFILMFESTIVAL de Leuven en Belgique, pour "promouvoir et sauvegarder le cinéma et le patrimoine audiovisuel africain". Auteur en 2003 du livre L'Afrique ? Quel cinéma! Un siècle de propagande coloniale et des films africains, il nous livre en 2006 l'ouvrage intitulé Images et Démocratie. Les congolais face au cinéma et à l'audiovisuel.

Dans ce dernier ouvrage, l'auteur, qui a été le point de mire du Festival international du film et de l'écrit (FIFE 2007) de l'Association congolaise des Critiques Cinématographiques (ACCC) relate " une histoire politico-culturelle du Congo, des belges jusqu'à la République Démocratique du Congo (1898-2006)".


2) La production cinématographique :

Ce livre met à l'évidence que les congolais ont une longue histoire avec le cinéma. Dès son apparition, ils ont été confrontés à des tournages multiples à l'époque de l'état indépendant du Congo. Toutefois la colonie belge a structuré la production des oeuvres cinématographiques, en finançant à travers le Fonds du Bien-être Indigène, le service de l'information. La responsabilité de ce service était confiée à l'Abbé André CORNIL, aumônier de la firme "Amis du 7 ème Art" (ATA) qui y a mené depuis 1950 un travail énorme en réalisant des films de fiction, des documentaires éducatifs ou didactiques. Ses films avaient pour objectifs entre autres de défaire le mariage traditionnel congolais pour promouvoir, civiliser les congolais, montrer le bien-être des Congolais... Quelques titres parmi des dizaines : Mama Louisa va au marché, Jour de paie, Bien mal acquis, Le phono, Quand mord le poisson...

Outre la colonie, les missionnaires catholiques dans l'action d'évangélisation des congolais avaient trois pôles de production cinéma. À Léopoldville (Kinshasa), le père Alexandre Van Den Heuveul de la maison EDISCOfilms (éduquer et distraire les congolais) ; à Luluabourg (Kananga) le père Albert Van Haelest de Luluafilms et à Constermannsville (Bukavu) le père Roger de Vloo de Africafilms. Quelques titres célèbres : Katutu, l'aveugle de l'île, Monsieur Paul, infirmier diplômé, Crime du vieux féticheur, Bizimana, J'ai préféré la mort au déshonneur, Palabres de Mboloko, Mata-mata et Pili-pili...

La colonisation séparait les congolais des européens. Toutefois quelques personnalités congolaises ont eu à émerger. Albert Mongita est parmi eux. Membre du Cinéclub cinécole de Kin, il participa comme acteur au film Tam-tam Mayombé au Congo Brazza en 1955.On peut citer aussi Bumba Mowasso, Lukunku Sampu, Emmanuel Lubalu comme des opérateurs etc....Tous ces films produits circulaient dans les salles de certaines écoles du pays et de la cité et il y avait des projections en plein air dans les quartiers populaires.

3) La distribution et l'exploitation.

En dehors de la production intérieure du service de l'information et des missionnaires, le circuit commercial d'exploitation était régulièrement approvisionné par les films de divertissement provenant de Hollywood, de l'Inde. Les trois grands établissements qui avaient des antennes à l'intérieur du pays étaient: PALACE de Adrien Van Heffen ; COFILMEX (Comptoir de distribution des films et d'exploitation cinématographique) de Hourdebise et RAC (Radio Amplification et Cinéma) de Louis Pitzèle. Ces maisons avaient un rayonnement efficace dans toute l'étendue du territoire, (1972= plus de 240 salles) par la circulation dynamique de films les plus récents au bon moment et dans les bonnes conditions.

4) La Télévision.

Les évènements de la décolonisation de la RD Congo, avec ses corollaires des troubles, des pillages et des rebellions, ont détruit le secteur de production coloniale. D'autre part, la Zaïrianisation (confiscation des biens et entreprises des étrangers au profit des dignitaires du régime) ainsi que la politique du recours à l'authenticité avaient sérieusement entravé l'action cinématographique.

La création le 23 Novembre 1966 de la télévision a permis pourtant la formation des cinéastes et des techniciens. La régie nationale des actualités télévisées (Renact) a produit beaucoup de reportages et des documentaires. La production du cinéma est actuellement gérée à la RTNC par la direction de cinéproduction.

La télévision a aussi introduit le théâtre filmé à l'exemple de Tshitenge Nsana qui a imaginé "le théâtre de chez nous" avec les comédiens du groupe Salongo. Avec la fin du monopole de la RTNC (1996) plusieurs chaînes de tv (+ ou - 4O à Kinshasa) font des séries de diverses manières et recourent au cinéma nigérians.

À l'heure actuelle, il faut souligner l'intégration de la société civile avec des ASBL dans la production, exemple 3Tamis (Bukavu), CEPV (Centre culturel des études et de production vidéographique) de Goma, Vicanos club de Lubumbashi, Zandu films de Kinshasa.

Le livre Images et démocratie souligne bien qu'il existe un avenir pour le cinéma congolais. Les compétences font légion. Par le travail des cinéastes de la diaspora et par la maîtrise des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), une nouvelle génération de cinéastes va éclore sûrement. Il est à déplorer toutefois l'inexistence d'un centre national du cinéma ni d'une caisse d'aide à la production, ce dont le livre de GUIDO CONVENTS appelle de tous ces voeux de la part des responsables pour insuffler une action durable en faveur du cinéma congolais.

MBAKI MAZAKALA Simon

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