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Festival de Cannes 2006-2008 : "De Carthage à Cannes" : Après l'enchantement, l'expectative
critique
rédigé par Meriam Azizi
publié le 31/03/2008

Le 24 et le 25 Mai 2006 marquent un tournant dans l'histoire du cinéma tunisien. Rappelons-nous, l'édition du festival de Cannes a consacré, cette année-là, dans le programme "Tous les cinémas du Monde", une journée dédiée à la Tunisie. L'événement est d'autant plus grandiose qu'il a offert à ce secteur lacunaire l'occasion d'une exposition internationale. Par ailleurs, la nouvelle donne qui ressort de cette journée, c'est la consécration du court métrage tunisien, production totalement sclérosée par absence de stratégies de diffusion et de distribution.

Ainsi le programme, variant les genres entre documentaire et fiction, court et long métrage, a bien témoigné des potentialités réelles de la création cinématographique en Tunisie. Une aubaine pour les jeunes réalisateurs tunisiens dont les scénarios ont été sélectionnés en 2006 par un jury de commission organisée au sein du ministère tunisien de la culture. En contrepartie d'une année de labeur, une grande reconnaissance. Dans le cadre du projet "Dix courts-dix regards", cette nouvelle génération a eu l'honneur de voir ses films projetés, à côté des longs métrages, devant un public formé de professionnels et de réalisateurs confirmés. Aussi, au village international sur la croisette, au bonheur des spectateurs férus du cinéma du monde, ont été projetés les films les plus récents :
- VHS (75 minutes) de Nejib Belkadhi (11h)
- 10 courts métrage d'une durée totale de 85 minutes produits par Ibrahim Letaief et Riadh Thabet, (13h)
- Khorma (80 minutes) de Jilani Saadi. (15h)
- Six courts métrages, d'une durée totale de 107 minutes. (17)
Visa de Brahim Letaief, Tsaouer de Nejib Belkadhi, Casting pour un mariage de Fares Nanaa, Brise et vent de Lassaad Dekhil, La moisson magique de Anis Lassoued, L'homme au costume gris de Fahd Chebbi.
- Khochkhach de Salma Baccar. (19h30)

Ainsi, il est parfaitement clair que la mise à disposition de moyens techniques et financiers aidant à la concrétisation d'un nombre croissant de projets a concouru à la naissance d'une nouvelle vague porteuse de promesses. L'idée que ce n'est nullement une pénurie de sujets qu'on déplore s'est donc consolidée. Accorder plus de considération à l'activité audiovisuelle, sous toutes ses déclinaisons, semble constituer principalement le souci présent. Par ailleurs, la réflexion à même de soulever un point crucial quant à la logique d'accompagner un film au-delà de sa finalisation, pourrait embrasser la question suivante : Quel avenir assurer au produit ?

La journée de la Tunisie s'est avérée la fin d'un commencement. Suite à cette manifestation, un air d'engouement souffle sur ce jeune cinéma. Les films programmés ont bénéficié d'un bon retour et d'une grande estime, un contexte qui a majoritairement contribué à leur survie à travers la succession de sélections, jusqu'aujourd'hui, dans différents festivals de renommée internationale.

Dans le même sillage, s'inscrit la création d'un festival du film tunisien dont l'inauguration de la première édition s'est tenue à Paris en mars 2008 dans deux salles réservées au cinéma d'art et d'essai, La Clef et L'Archipel. Une belle initiative née d'un rêve qu'une pléiade de jeunes cinéphiles tunisiens résidents en France ont longtemps caressé. L'événement, en écho à celui de Cannes, est la preuve d'une prise de conscience : l'urgence d'instaurer une tradition pour la promotion du cinéma tunisien à l'étranger.

Désormais figure de proue de la production du jeune cinéma tunisien, c'est en la personne d'Ibrahim Letaïf, réalisateur de Visa, que s'incarne un militantisme frontal pour l'émancipation de cette filière. À ajouter, concernant l'actualité de ses projets, que le producteur, ayant reporté le tournage de son premier long métrage Flouss Academy, à cause d'une aide encore insuffisante de la part du ministère de la culture. Il a toutefois entamé le 18 mars celui de Cinecittà dont une partie se déroulera probablement pendant le festival de Cannes. L'histoire du film mime la réalité, celle des conditions difficiles qui empêchent la matérialisation d'un scénario dont l'auteur n'hésite pas à cambrioler une banque pour parvenir à ses fins. Une comédie noire exposant à quel point l'amour voué au cinéma peut amener à se dépasser pour s'arracher à la triste vérité de voir le processus de l'enfantement d'un film avorté.

Les retombées de la moisson 2006 se sont annoncées fructueuses et réjouissantes. Le cinéma tunisien saura-il tenir la même cadence de productivité ? Dans l'attente de voir si la session 2008 du festival de Cannes sera encore une fois le cadre idéal pour représenter la Tunisie, longue vie 7ème art.

Mériam Azizi

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