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Prisonnier à l'air libre
Wesh Wesh - Qu'est-ce qui se passe ?, de Rabah Ameur-Zaïmèche (France-Algérie)
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 11/04/2008
Rabah AMEUR-ZAÏMÈCHE
Rabah AMEUR-ZAÏMÈCHE

Le film de Rabah Ameur-Zaïmèche intitulé Wesh Wesh - Qu'est-ce qui se passe ? a été projeté au Ccf de Yaoundé le 18 février 2008 à 18h.
Le réalisateur franco-algérien y déroule l'histoire d'un jeune homme, Kamel, victime de la double peine en France (cinq ans de prison ferme et deux ans d'expulsion en Algérie). Il y revient clandestinement, et tente de s'insérer dans le monde du travail. En vain, car n'ayant pas de "papiers".

Ameur-Zaïmèche a tourné là un film urbain, dans une atmosphère proche de celle de Urban Jungle du Camerounais Jude Ntsimenkou. Comme celui-ci, il passe en revue la vie dans une cité de banlieue, sorte de bidonville en marge non seulement du développement économique, mais aussi intellectuel et surtout moral. Tout y est bon pour s'en sortir : vols, bagarres, dénonciations, etc. Observateur impuissant, Kamel assiste, malgré lui, à la décomposition sociale de son quartier.

Wesh Wesh s'ouvre sur la musique rap. Et le rap, on le sait, est une musique porteuse de dénonciations, une musique de néo-révolutionnaires, dont l'âge se situe entre l'adolescence et l'âge adulte. Cette ouverture nous situe sur la thématique du film, qui prend pied dans la réalité des quartiers difficiles, où la police est omniprésente : la jungle urbaine. À propos de la police, elle y est égratignée au travers de ses méthodes peu orthodoxes, faites de brutalité, et même d'arnaque, en lieu et place de la prévention ou de la justice. Et concernant la justice, le réalisateur utilise un symbole : le T-shirt d'une jeune fille en quête de mariage. Imprimé en blanc sur ce vêtement noir, ce vocable n'est-il pas suffisamment mis en relief, pour porter ce qui peut apparaître comme le message du réalisateur ? Pourquoi, alors qu'il a payé sa dette envers la société, en purgeant sa peine de prison, Kamel doit-il encore être expulsé de France, où il s'est quand même plus intégré que dans cette Algérie dont il est originaire ? De plus, alors qu'il est armé de sa bonne volonté pour gagner honnêtement sa vie, en travaillant, pourquoi doit-il être astreint à la présentation de ces fameux "papiers" qui l'excluent ainsi de la société ? Obligé de se cacher chaque fois qu'il aperçoit un policier, cette vie de prisonnier en plein air ne pourrait-elle pas susciter en lui des envies de revanche ? En tournant ainsi en rond, comment pourrait-il sortir de cette situation qui va très vite s'apparenter à un cercle vicieux ?

Prenant parfois des contours de film documentaire (documentaire de reconstitution), Wesh Wesh se présente aussi comme un témoignage du respect dont sont capables de jeunes délinquants vis-à-vis, par exemple, de leur mère. Et à ce sujet, il est souhaitable de regarder ce film en tenant compte du rôle que certains réalisateurs attribuent à la gent féminine. Ici, la maman de Kamel est non seulement épouse, mais également mère, et davantage conseillère. Elle est si présente dans le film qu'elle en vient à éclipser le père, dont le rôle est réduit à une portion on ne peut plus congrue.

Jean-Marie Mollo Olinga

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