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La jeunesse prend la parole
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 20/04/2008

Du 15 au 19 mars s'est tenue le CinémAfricArt (Tunis) une manifestation dédiée à la jeunesse et le cinéma. Une sélection de films montre comment la jeunesse est vue à travers le cinéma dans trois pays : l'Allemagne, la France et la Tunisie. Cette manifestation est le fruit d'une collaboration entre trois partenaires : le Goethe Institut (le centre culturel allemand), l'Institut Français de Coopération et l'Association Tunisienne pour la Promotion de la Critique Cinématographique.
Outre la sélection de films venant des trois pays partenaires, une table ronde a eu lieu à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun portant sur une question cruciale : "Etre jeune cinéaste aujourd'hui en Allemagne, en France et en Tunisie…". Il s'agissait du deuxième volet de la manifestation qui essayait de coller à l'actualité dans les trois pays et examiner ce qui se produit comme nouvelle tendance ou nouvel esprit chez les nouvelles générations de cinéastes.

Les débats étaient riches en questionnements et propositions vu la diversité des participants. Ils sont venus de différents horizons professionnels. Outre les jeunes réalisateurs venant des trois pays, ont pris part aux débats des représentants d'associations cinématographiques tunisiennes, les syndicats de producteurs des journalistes et des cinéphiles.
Parmi les questions les plus importantes figure la connexion entre la formation et l'espace dans lequel les nouveaux arrivés sur la scène pofessionelle peuvent se mouvoir. Plusieurs intervenants ont, en effet, souligné le nombre de plus en plus élevé de diplômés des écoles de cinéma en plus des cinéastes qui viennent d'autres disciplines. Si les uns se sont alarmés quant au phénomène de surproduction et à l'incapacité des fonds d'aide de répondre convenablement à la demande de cette jeunesse, d'autres ont estimé s'il y a de nouveaux cinéastes qui émergent autant cela constitue un signe de bonne santé pour les cinématographies.
Cette réflexion ne pouvait que ramener les débats vers une autre, celle de la production de son coût et de ses conditions.

La démocratisation et la technologie ont été les principaux aspects relevés. Les producteurs et les réalisateurs plus confirmés soutiennent qu'un minimum de "professionnalisme" devrait être observé dans les conditions de production et que la technologie ne peut pas répondre à toutes les exigences d'un secteur très complexe. Les autres ont défendu la démocratisation de l'image et de l'accès aux outils de production et que donc la technologie est là pour leur permettre de s'exprimer.
Certains jeunes ont d'ailleurs exprimé leur entière satisfaction de l'outil numérique. Ils considèrent qu'il n'est pas une solution à un blocage économique et institutionnel, mais un choix. Ils se situent en cela au diapason de ce qui se passe ailleurs sous d'autres cieux comme en Amérique latine et en Asie. Le numérique devient, en effet, une nouvelle donne qu'il faut désormais prendre en considération dans la mesure où cela dépasse la simple innovation technique pour devenir un élément décisif dans la culture de l'image d'une jeunesse qui s'en trouve submergée, souvent d'une manière sauvage.

Ces aspects ont été abordés comme étant communs aux trois sociétés malgré les différences de traditions, de systèmes et de donnes socio-polotico-économiques propres à chaque pays. Mais tout le monde a souligné la difficulté à laquelle chaque jeune est obligé de faire face lorsqu'il se lance dans la carrière de cinéaste sans oublier le plaisir que cela engendre, ni la volonté de prendre la parole par l'image.

À ce niveau, une spécificité a été soulignée par rapport à la Tunisie qui est celle du cinéma amateur. Le rôle qu'il a joué dans la production de plusieurs noms connus de notre cinéma a été salué. Les intervenants ont donc attiré l'attention sur le fait que, cela constitue une spécificité tunisienne. Si le cinéma amateur existe en Allemagne et en France, il intervient à des niveaux différents qu'en Tunisie et dans un autre esprit. En Allemagne à titre d'exemple le cinéma. Amateur est un pas pour entrer dans une grande école de cinéma. En France, le film amateur a un circuit qui lui est propre quoi que l'on souligne de plus en plus d'ouverture des structures de productions à un cinéma indépendant.

À partir de là, l'on devine bien, les débats ont porté essentiellement sur la jeunesse tunisienne. Des recommandations ont été faites pour que la société civile joue un rôle important comme force de proposition. En effet, s'il y a un mal dont le cinéma tunisien pourrait souffrir, ce n'est pas du tout le nombre de jeunes réalisateurs, mais le déficit de structures capables de contenir le phénomène et de créer les conditions propices à son développement. C'est en cela que les associations, les syndicats, les organisations non gouvernementales et les pouvoirs publics peuvent travailler ensemble.

Cette table ronde a été considérée donc comme une première manche d'une réflexion plus concentrée sur les jeunes cinéastes en Tunisie. Rendez-vous a été pris donc en avril prochain, dans le cadre des Journées du Cinéma Tunisien organisées par l'Association Tunisienne pour la Promotion de la Critique Cinématographique du 23 au 26 avril. Un colloque est prévu pour revenir avec plus de détails et de propositions concrètes sur les conditions dans lesquelles les jeunes cinéastes tunisiens apparaissent, évoluent et développent leurs modes et outils d'expression.

Hassouna Mansouri

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