AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 935 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Crise du court métrage marocain ?
Festival de Tange 2008 (Maroc)
critique
rédigé par Bouchta Farqzaid
publié le 27/04/2008

Est-ce que le cinéma marocain se porte bien ? C'est une question qui, me semble-t-il, devient un peu classique, dans la mesure où la série des films tant longs que courts, produits ces derrières années, témoignent chez les réalisateurs, d'une volonté indiscutable de faire mieux, nonobstant quelques exceptions. Le festival de Tanger pour les courts métrages constitue en réalité une aubaine en vue d'apprécier le degré de créativité chez les cinéastes marocains, car il permet de comparer les films marocains entre eux et de les évaluer par rapport aux autres films venant d'autres horizons quantitativement et qualitativement.

Sur le plan quantitatif, il est clair que le Maroc jouit d'une place importante sur la carte cinématographique mondiale, en ce qu'il produit approximativement soixante courts métrages par an. Ces films varient entre la facture fictionnelle et la facture didactique. En effet, nombreux sont les courts qui traitent de la question pédagogique, en raison du pullulement des festivals organisés par le Ministère de l'éducation Nationale. À cet égard, il faut citer le film de Fdil Abdellatif La table de Punition (entendez la table de multiplication), qui a remporté certains prix, dont celui du Festival de Fès et de celui de Casablanca...

Sur le plan qualitatif, la plupart de ces films laissent à désirer. En effet, thématiquement, il est possible de relever des thèmes banalement reconduits et où l'apport technique et esthétique fait vraiment défaut. Ainsi, le court métrage de Layla Triqui (Et la vie continue) est fort décevant. C'est dire que, exception faite du jeu époustouflant de l'acteur Mohamed Jouioui, le film rate son objectif, qui serait d'attirer l'attention du spectateur sur un phénomène de l'indifférence. En plus, le court de Daaif (Mannequin), adapté d'une nouvelle d'Abdel Fetah Kilito, déçoit de manière ostensible. Ce film devrait mettre en relief comment le créateur introduit le spectateur dans un univers fantastique. Or, la dernière scène qui en garantit pleinement la facture générique nous laisse sur notre soif, dans la mesure où le type et la durée du plan ne sont point convaincants.

Par ailleurs, le film de Mohamed Mouftakir (Fin de mois) échappe partiellement à ce jugement. À vrai dire, et quoiqu'assez banal, l'avantage de ce court réside dans une technique fort répandue en littérature, à savoir la mise en abyme. En effet, le film procède par emboîtement des récits ou des intrigues : c'est l'histoire d'un couple qui cherche à se créer une autre histoire pour faire face au train-train de la vie. C'est ce jeu dans le jeu qui donne au film une sorte de rhétorique novatrice dans le cinéma marocain: il crée un autre horizon d'attente.

À notre avis, et loin de tout masochisme, le Festival de Tanger constitue une aubaine qui permet aux réalisateurs marocains d'évaluer leurs productions.

Bouchta FARQZAID

Films liés
Artistes liés
Structures liées