Vendredi 13 Juin 2008, le hall de la salle du Ciné Burkina affiche une figure emblématique du cinéma panafricain, une "icône du cinéma panafricain" comme le dira plu tard le délégué général du FESPACO Michel OUEDRAOGO. Pour ce jour spécial, c'est Sembène la tête d'affiche : le Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou rend hommage à l'aîné des anciens.

La journée d'hommage commence par une conférence de presse animée par le staff du FESPACO, un staff que préside le délégué général de l'institution. Une adresse aux hommes de média avec un message : "le FESPACO veut joindre sa voix à celle du peuple sénégalais…Pour la délégation générale, Ousmane SEMBENE reste et restera un symbole, une icône dont la croyance au FESPACO s'apparentait à une dévotion totale pour une religion."

À la suite de la conférence de presse, le public a eu droit à une projection de l'une des premières productions cinématographiques du défunt cinéaste, Borom Sarret ; le récit d'une vie pauvre face à un monde qui passe sa route, indifférent.

Plus tard dans la soirée, l'hommage des cinéastes burkinabès s'est poursuivi. Cette fois la part belle est faite aux amis, connaissances et collaborateurs directs de "l'homme à la pipe". Des témoignages tous aussi riches d'enseignements les uns que les autres sur la vie et la personnalité de celui que la mort a arraché au monde du cinéma le 09 Juin 2007.

Tenez, un témoin raconte : "Sembène c'était une forte tête, un homme de convictions... On était ensemble à une rencontre où l'on exigeait que les participants parlent l'anglais. Sembène a refusé tout net : on m'a déjà colonisé une fois et ça suffit on ne me la refera pas une deuxième fois".

Un autre collaborateur raconte comment Sembène a instauré le port de la tenue traditionnelle africaine en refusant le costume et nœud cravate lors d'un grand festival de film…

S'il n'y avait pas eu la contrainte de temps, les témoins auraient pu tenir le public jusque plus tard dans la nuit, avec la simple évocation du souvenir de Sembène Ousmane, comme au temps où le défunt et les autres anciens du cinéma africains organisaient des veillées autour du feu sacré à l'hôtel Indépendance lors des éditions du FESPACO…
Ensuite, la projection de son dernier long métrage est venue clore la journée d'hommage au fils de la Casamance : Moolaadé, le récit d'une femme qui crie sa révolte contre l'excision.

Dans l'ensemble, les cinéastes burkinabès auront rendu leur hommage à feu Sembène Ousmane. Un hommage qu'ils ont voulu sobre mais marqué de sens et de symboles comme l'auront été la vie et le combat du disparu.

Selon le délégué général du FESPACO, cet hommage n'est qu'un aperçu de ce qui sera fait lors de la prochaine édition du festival. Une manière pour l'équipe du festival de porter Sembène Ousmane qui prophétisait déjà : "nous avons créé le FESPACO et aujourd'hui c'est le FESPACO qui nous porte".

Caroline Ouanré