Forte de sa renommée de ville cosmopolite, Tanger demeure fidèle à son image de portail des civilisations méditerranéennes en érigeant le cinéma comme vecteur unificateur. Le festival est désormais un rituel. Pour sa 6ème édition, du 23 au 29 juin, la ville de Tanger a vécu au rythme de projections de 48 films représentant 18 pays. Une aubaine et par-dessus tout un grand enjeu dont professionnels et cinéphiles marocains devraient s'enorgueillir.
Au menu de la cérémonie d'ouverture, se sont défilés l'équipe du centre cinématographique marocain et les membres du jury présidé cette année par l'illustre réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch. Le coup d'envoi est donné par l'hommage au réalisateur égyptien Chady Abdessalem avec son film Le paysan éloquent. Tout au long de ce grand événement, la présence d'une nouvelle génération de cinéastes arabes bien prometteurs s'est fait remarquée. Ne serait-ce que par Khti du réalisateur algérien Yanis Kousim qui vient de remporter le Taghit d'or du meilleur réalisateur du court métrage. Le 7ème art égyptien est à l'affiche avec la participation du quattor Amr Wishahy (Cairo opressive), Shérif Bendary (A la tombée du jour), Ahmed Khaled (L'œil du poisson) et Oussama Al Abed (Le désir de la profondeur). Avec son film Monologue, Joud Said représente la Syrie. Du Liban, André Chammas et Rakan Makasi concourent avec deux films Notre Dame des seins et Marionnette. La Tunisie enregistre sa contribution avec Fooska de Samy Elhaj, Esseket de Faten Hafnaoui et A l'aube d'une journée d'Aid du projectionniste converti à la réalisation Achraf Laamar.
Pays hôte, le Maroc pour ces rencontres cinématographiques réaffirme son élan de créativité artistique dans le domaine, une qualité au retentissement désormais nationale et internationale.
Creuset des confluences méditerranéennes, le festival a choisi un jury à l'image de sa devise. L'actrice algérienne Nadia Samir, l'artiste marocain Touria Hadraoui, la productrice espagnole Maria Pilar Cazorla, le critique et universitaire français Jacques Kermabon, le critique égyptien Kamel Ramzi et le journaliste marocain Karim Boukhari sont venus compléter la liste des décideurs. Il va sans dire que les films primés ont déjà captivé les regards des spectateurs. Ceci dit, une récompense en guise d'encouragement pour les pays du Sud où la cinématographie peine à se faire exporter autrement que par les festivals aurait été la bienvenue.
Le 28 juin, journée de la clôture, le verdict est prononcé après le poétique discours de Nabil Ayouch pour annoncer la naissance de jeunes talents aux compétences artistiques indubitables. Se sont succédés devant le public, Gonçalo Galvao du Portugal, raflant le Grand Prix pour Before Tomorrow, Arnaud Malherbe de la France, couronné du Prix du scénario pour Dans leur peau. Quant au prix du Jury, il a été décerné à Slobodan Maksimovic de la Slovénie pour Agapé, un film à la tonalité féerique qui s'est fait un bon nombre d'admirateurs.
Meriam Azizi
