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Mâh Saah-Sah de Daniel Kamwa
Une belle histoire d'amour
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 27/07/2008
Mâh Saah-Sah, 2008
Mâh Saah-Sah, 2008
Le Cercle des pouvoirs, 1997
Le Cercle des pouvoirs, 1997
Totor, 1993
Totor, 1993
Pousse pousse, 1975
Pousse pousse, 1975
Daniel KAMWA
Daniel KAMWA
J.-M. MOLLO OLINGA
J.-M. MOLLO OLINGA

Du 3 au 9 mars 2008, Daniel Kamwa a organisé, aux cinémas Abbia de Yaoundé et Le Wouri à Douala, des projections tests de son dernier film, Mâh Saah-Sah.

Après plusieurs années d'hibernation, son dernier film, Le cercle des pouvoirs, date de 1998, le cinéaste camerounais, dont la carrière a été lancée par Pousse-Pousse, a heureusement repris du service à travers Mâh Saah-Sah, une belle comédie sentimentale.

Comme dans Totor, avec Mentse, Daniel Kamwa déroule, ici, l'histoire d'un orphelin, Ntchare. Celle-ci rencontre celle de Mapon, une jeune fille dont il est éperdument amoureux. Leur idylle se déroule sans accroc, jusqu'au jour où, dans une église, la mère de Mapon accouche d'un beau petit garçon. Tombé malade peu après sa naissance, ses parents n'ont pas d'argent pour le soigner. Entre alors en scène un riche député, dont les largesses, comme celles de tout homme politique, ne sont nullement dénuées d'intérêt.

Au travers de ce film, Daniel Kamwa évoque des sujets graves tels que les travers de certains comportements, en même temps que, de façon légère, il aborde, de biais ou de front, les problématiques de la circoncision ("col roulé"), de la dot, de l'amour vrai, ou encore du respect des engagements pris. Par moments, Mâh Saah-Sah fait des sauts dans le temps - flash forward - ou des retours en arrière - flash back -, qui apparaissent chaque fois comme des révélateurs, qui viennent toujours situer utilement le spectateur par rapport au déroulement de l'histoire. Il en est ainsi, dès la séquence d'exposition, de la présentation de Ntchare et de Mapon à la gare routière, alors qu'ils n'avaient que 16 et 14 ans, respectivement. Il en est tout autant de la première scène de la rivière, où Ntchare est raillé pour son "col roulé" ; de la scène de la circoncision ; ou encore de la poursuite de la fille du député en brousse. Et pour accompagner ou compléter ces images, les personnages parlent beaucoup. Ces dialogues sont d'autant plus agréables à suivre que les doublages sont une merveille du genre.

Sur le plan technique, Kamwa semble très soucieux des détails qui sous-tendent son sujet. Pour ce faire, il travaille avec deux types de plans : le plan d'ensemble et le plan de demi-ensemble, plans descriptifs par excellence. Il fait ainsi étalage de sa maîtrise du langage cinématographique. Ne la met-il pas à contribution pour raconter cette histoire, notamment au travers de cette séquence phare, où il filme l'église en plongée ? Peut-on alors se douter que dans ce lieu sacré, va naître un enfant - évènement heureux s'il en est ! - qui sera porteur de germes de délitement d'un amour jusque-là sans tache ?

Accroché à ses films antérieurs, ou bien nostalgique de leurs succès, le cinéaste camerounais les a revisités au travers de leurs thématiques ou encore des images mises en boîte. L'on peut ainsi déceler des traces de Pousse-Pousse dans Mâh Saah-Sah lorsqu'un triporteur transporte le bébé malade à l'hôpital ; le passage à la gendarmerie rappelle une scène du Cercle des pouvoirs ; l'oiseau filmé au début du film ainsi que le thème de la circoncision font penser à Totor, etc.

Malgré les éclairages qui relativisent, par endroits, la qualité de la photographie du film, la dernière réalisation de Daniel Kamwa apparaît comme un heureux come-back.

Jean-Marie Mollo Olinga

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