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"Faire de Dakar la capitale du cinéma des pays du Sud"
HOMMAGE À DJBRIL DIOP MAMBETY
critique
rédigé par El Hadji Massiga Faye
publié le 12/08/2008
Ben Diogaye BEYE, cinéaste
Ben Diogaye BEYE, cinéaste
Mansour Sora WADE, cinéaste
Mansour Sora WADE, cinéaste
Djibril DIOP Mambéty
Djibril DIOP Mambéty
Baba DIOP, président ASCC
Baba DIOP, président ASCC
Fatou Kiné SENE, Chargée de la communication de l'ASCC
Fatou Kiné SENE, Chargée de la communication de l'ASCC
Touki Bouki, 1973
Touki Bouki, 1973
Hyènes, 1992
Hyènes, 1992
El Hadji Massiga FAYE
El Hadji Massiga FAYE

L'Association sénégalaise de la critique cinématographique (ASCC) a rendu mercredi 23 juillet 2008 un hommage à Djibril Diop Mambety, décédé le 23 juillet 1998 à Paris.

Réflexion sur l'œuvre du réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety. C'est sur cet axe que l'Association sénégalaise de la critique cinématographique (ASCC) a marqué le dixième anniversaire de la mort du défunt cinéaste. "Il est heureux que le Sénégal se souvient d'un de ses illustres fils", a remarqué d'emblée le président des cinéastes sénégalais associés, le réalisateur Cheikh Ngaïdo Bâ. Après une minute de silence en la mémoire du disparu, un faisceau de témoignages et d'anecdotes a permis d'apporter des éclairages sur l'œuvre et la personne de Djibril Diop Mambety.

Considéré comme l'un des plus grands cinéastes de sa génération, "Djibril Diop Mambety a contribué à poser un regard critique notre société dans une démarche fictionnelle, explique le réalisateur Cheikh Ngaïdo Bâ. Il a aidé à ré-conceptualiser le langage cinématographique. C'était un grand humaniste". Un témoignage corroboré par l'avis du réalisateur Ben Diogoye Bèye qui était très proche du regretté Djibril Diop Mambéty. Celui-ci était d' "une grande générosité, avec un sens inouïe de l'amitié. Profondément respectueux des autres, notamment de leurs opinions, il était croyant à sa manière". Dans le même registre, "Mambety était une personnalité atypique que j'ai connu à mes débuts comme journaliste, remarque pour sa part le secrétaire général de l'Association sénégalaise de la critique cinématographique, Mouhamadou Mamoune Faye. En l'observant, on a comme l'impression qu'il est un peu distant par rapport à ses amis, à ses collègues. Il parlait peu." Sur le plan cinématographique, "Les films de Djibril Diop Mambety ont toujours sonné juste, observe Ben Diogoye Bèye. Il a ramené le septième art africain à sa réalité fictionnelle. Les gens disent qu'il improvisait, mais en réalité il préparait beaucoup". Même tonalité du côté des cinéastes sénégalais associés : "Tout ce qu'il faisait était calculé", souligne Cheikh Ngaïdo Bâ.

Cinéma de rupture

Avec son premier long métrage Touki-Bouki (ou Le Voyage de la hyène, 1973), "il a opéré une rupture, un déchirement et cela a mis en cause beaucoup de choses", relève Ngaïdo Bâ. Cela, d'autant plus que "la rupture était dans la démarche esthétique, singulièrement dans la manière d'exprimer les préoccupations politiques de nos sociétés", confirme Ben Diogoye Bèye.



À verser dans le registre des styles, la rencontre de l'ASCC a permis d'opposer les styles de Sembène Ousmane et de Djibril Diop Mambéty. "Je trouve que c'était plutôt un problème d'école, a estimé le président des cinéastes sénégalais associés. Avec Sembène formé à l'école communiste, c'était la camisole de force, c'était ça ou rien et il était l'arbre qui cachait la forêt". Aux antipodes de Sembène Ousmane, avec "Mambety c'était la remise en cause réelle de l'establishment, affirme Ngaïdo Bâ. Pour cela, il fallait être en marge". Et le plus important, c'était qu' "il écoutait les autres", assure Ben Diogoye. Formé à l'école classique, "Sembene faisait un cinéma didactique et avec Djibril, on fait les choses comme on les sent", ajoute le réalisateur Mansour Sora Wade.

Après la confrontation entre les deux styles, place à un regard critique sur l'état actuel du cinéma sénégalais. "Nous nous battons pour que les salles reviennent, plaide Ngaïdo Bâ. Il y a un faux débat entre la télévision, la vidéo, le numérique. Le petit écran ne peut pas concurrencer le grand écran." Outre la question des infrastructures, le souci de la qualité dans les productions, l'application du décret 2004 relatif à la relance du cinéma sénégalais sont revenus dans les échanges. L'objectif étant de "faire de Dakar la capitale des rencontres cinématographiques des pays du Sud", révèle le président des cinéastes sénégalais associés. La série d'hommages à Djibril Diop Mambety se poursuit jusqu'au 30 courant.

El Hadji Massiga FAYE

Article paru dans Le Soleil (Dakar) du 24 juillet 2008

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