L'Association sénégalaise de la critique cinématographique (ASCC) a rendu mercredi 23 juillet 2008 un hommage à Djibril Diop Mambety, décédé le 23 juillet 1998 à Paris.
Réflexion sur l'œuvre du réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety. C'est sur cet axe que l'Association sénégalaise de la critique cinématographique (ASCC) a marqué le dixième anniversaire de la mort du défunt cinéaste. "Il est heureux que le Sénégal se souvient d'un de ses illustres fils", a remarqué d'emblée le président des cinéastes sénégalais associés, le réalisateur Cheikh Ngaïdo Bâ. Après une minute de silence en la mémoire du disparu, un faisceau de témoignages et d'anecdotes a permis d'apporter des éclairages sur l'œuvre et la personne de Djibril Diop Mambety.
Considéré comme l'un des plus grands cinéastes de sa génération, "Djibril Diop Mambety a contribué à poser un regard critique notre société dans une démarche fictionnelle, explique le réalisateur Cheikh Ngaïdo Bâ. Il a aidé à ré-conceptualiser le langage cinématographique. C'était un grand humaniste". Un témoignage corroboré par l'avis du réalisateur Ben Diogoye Bèye qui était très proche du regretté Djibril Diop Mambéty. Celui-ci était d' "une grande générosité, avec un sens inouïe de l'amitié. Profondément respectueux des autres, notamment de leurs opinions, il était croyant à sa manière". Dans le même registre, "Mambety était une personnalité atypique que j'ai connu à mes débuts comme journaliste, remarque pour sa part le secrétaire général de l'Association sénégalaise de la critique cinématographique, Mouhamadou Mamoune Faye. En l'observant, on a comme l'impression qu'il est un peu distant par rapport à ses amis, à ses collègues. Il parlait peu." Sur le plan cinématographique, "Les films de Djibril Diop Mambety ont toujours sonné juste, observe Ben Diogoye Bèye. Il a ramené le septième art africain à sa réalité fictionnelle. Les gens disent qu'il improvisait, mais en réalité il préparait beaucoup". Même tonalité du côté des cinéastes sénégalais associés : "Tout ce qu'il faisait était calculé", souligne Cheikh Ngaïdo Bâ.
Cinéma de rupture
Avec son premier long métrage Touki-Bouki (ou Le Voyage de la hyène, 1973), "il a opéré une rupture, un déchirement et cela a mis en cause beaucoup de choses", relève Ngaïdo Bâ. Cela, d'autant plus que "la rupture était dans la démarche esthétique, singulièrement dans la manière d'exprimer les préoccupations politiques de nos sociétés", confirme Ben Diogoye Bèye.
El Hadji Massiga FAYE
Article paru dans Le Soleil (Dakar) du 24 juillet 2008