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Entretien de J.-M. Mollo Olinga avec Mwézé Ngangura, réalisateur congolais
Mwézé Ngangura : "Les chantiers liés au social sont d'une importance cruciale"
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 12/08/2008
Mwézé Dieudonné NGANGURA
Mwézé Dieudonné NGANGURA
Bassek ba KOBHIO, directeur du festival Écrans noirs
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La Vie est belle, 1987
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Pièces d'identité, 1998
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Au nom de mon père, 2001
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Les Habits neufs du gouverneur, 2005
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Jean-Marie MOLLO OLINGA
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Le réalisateur congolais Mweze Ngangura, à qui a été décerné l'Écran d'honneur 2008, est venu aux Écrans noirs avec la copie de travail de son nouveau film, Tu n'as rien vu à Kinshasa.

Que signifie pour vous cet Écran d'honneur ?

En toute simplicité, tout le monde a besoin d'être reconnu dans ce qu'il fait. Je suis dans le cinéma depuis 1970, année où j'en ai pris l'option. Il a conditionné ma vie. Depuis lors, je n'ai plus quitté ce métier. J'ai été enseignant, mais toujours dans le cinéma. J'ai participé à mon premier festival en 1983 avec un court métrage qui avait remporté le prix du Meilleur documentaire au Fespaco. C'était un moment très émouvant pour moi.
C'est un honneur que me fait Écrans noirs en me décernant un prix, non pas pour un film, mais pour l'ensemble de ma carrière. C'est un couronnement. C'est comme si, quand je prenais l'option, en 1970, de commencer les études cinématographiques, on me disait : tu ne t'es pas trompé. Cela m'encourage à continuer avec encore plus de punch, mais surtout de sérénité, parce que c'est une manière de me dire : tu es reconnu, maintenant, vas-y !

Que sous-entendez-vous par Tu n'as rien vu à Kinshasa ?

C'est une paraphrase d'un dialogue du film Hiroshima mon amour d'Alain Resnais. C'est un film qui ne montre pas Kinshasa touristique ou officiel. C'est un Kinshasa underground, qui parle de différentes communautés de marginaux qui se sentent oubliés par l'État. Sans doute, pour cette raison, ils recréent leurs propres petits États, avec leur président, leur trésorier, leur chargé de la condition féminine, etc. Ils recopient la structuration gouvernementale des États. C'est un film très important, étant donné que le Congo, qui a vécu sous la corruption du mobutisme, a connu la guerre et essaye maintenant de relever la tête en entamant la reconstruction nationale. Le film veut donc dire que les chantiers liés au social sont d'une importance cruciale.

Et pourquoi avoir accepté de présenter une copie de travail ?

Quand Bassek m'a demandé de montrer mon film, qui n'est pas encore terminé, j'ai accepté cette idée d'une projection test. Je crois que dans le cadre d'un film documentaire, c'est enrichissant, avant le montage final. C'est pourquoi j'ai fait projeter le film devant un public composé de professionnels et de cinéphiles. J'ai filmé les réactions et les suggestions de ce public. Je vais les analyser, pour montrer aussi comment nous pouvons utiliser un festival.

D'où vient l'idée de ce film ?

J'avais toujours eu envie, au niveau du documentaire, de réaliser un film sur les enfants de la rue à Kinshasa. Un heureux hasard a fait que le ministère congolais des Affaires sociales m'a contacté pour un tel film qui, au départ, ne devait pas excéder 50 minutes. J'ai donc réalisé ce documentaire qui s'intitule Shégué, les enfants de la jungle urbaine, "Shégué" désignant "les enfants de la rue" à Kinshasa. C'est pendant ce film que j'ai rencontré d'autres catégories sociales de personnes vulnérables qui vivaient en communauté. Et c'est pendant le tournage de Shégué qu'est née l'idée de Tu n'as rien vu à Kinshasa.

propos recueillis par J-M.M.O

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