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Khamsa, de Karim Dridi (France)
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critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 02/10/2008
Michel Amarger
Michel Amarger
Khamsa, 2008
Khamsa, 2008
Bye-Bye, 1995
Bye-Bye, 1995
Cuba Feliz, 1999
Cuba Feliz, 1999
Fureur, 2003
Fureur, 2003
Pigalle, 1995
Pigalle, 1995
Karim Dridi
Karim Dridi
Marco Cortes dans Khamsa, 2008
Marco Cortes dans Khamsa, 2008
Simon Abkarian dans Khamsa, 2008
Simon Abkarian dans Khamsa, 2008
Khamsa, 2008
Khamsa, 2008
Khamsa, 2008
Khamsa, 2008

LM Fiction de Karim Dridi, France, 2008
Sortie France : 8 octobre 2008

Karim Dridi revient à Marseille. 15 ans après Bye-Bye, sur l'escapade au Sud de deux frères maghrébins, le réalisateur né en Tunisie, inscrit Khamsa dans la ville méditerranéenne. Le film résonne du métissage qui imprègne l'univers volontiers nomade d'un cinéaste bien ancré dans la société française. C'est là qu'il s'est fait connaître avec Pigalle, 1994, Hors jeu, 1998, Fureur, 2003. Mais Karim Dridi a aussi rôdé sous d'autres latitudes pour des documentaires tels L'Afrique du Sud, 1996, ou Cuba Feliz, 2000. "De film en film, je constate que ce sont toujours les déshérités, les exclus, les minoritaires qui m'attirent", estime Dridi. "Peut-être que ma double origine m'attire naturellement vers le métissage."

Khamsa suit le retour de Marco à Marseille. À 11 ans, le garçon d'origine gitane, échappé d'une famille d'accueil, retrouve le camp où vivent ses cousins. Son affection s'est reportée sur sa grand-mère qui s'éteint. Sa fureur de vivre l'a poussé à brûler la roulotte de l'ex-femme de son père. Celui-ci vit de son côté, avec une nouvelle, plus jeune. Personne ne peut héberger Marco ni calmer son ressentiment intérieur. La reconnaissance qu'il recherche le pousse vers ses cousins gitans. Le nain Tony vit de paris sur les combats de coqs et Marco rêve de fortune sous sa protection. Mais les trafics de son ami Coyote, sont plus lucratifs.

Marco passe à la vitesse supérieure quand Coyote l'introduit auprès de Rachitique, un Arabe de la cité voisine. Leurs virées en ville pour voler mobylette, sacs à main, n'occulte pas leurs différences. Il y a d'un côté le camp des gitans, de l'autre les Arabes. Chaque communauté regarde l'autre avec mépris. Le problème de Marco c'est qu'il se sent au milieu. Gitan par son père, Algérien par sa mère, disparue, le garçon perpétue son souvenir en portant la main de fatma, la "khamsa", autour du cou. "Les Arabes et les Gitans se retrouvent souvent à vivre dans des zones de réclusions", observe Karim Dridi. "Même si dans la réalité ces deux communautés se mélangent finalement peu, je voulais montrer que la misère entraîne les enfants dans la même direction."

Marco vit une fuite en avant qui le conduit dans des combines périlleuses. Il perd des complices, échappe à ses poursuivants, trouve des alliés, dans une course sur le fil du rasoir qui conduit au drame. "Je ne suis pas fasciné par les voleurs, "précise Dridi. "Je les aime, mais je ne les magnifie pas. Leur dire qu'ils sont sublimement beaux dans leurs étoffes de voleurs pauvres et rebelles, ce serait les exclure." Il pose un regard nerveux sur les démêlées d'un garçon en marge de la société, de sa famille, de ses amis qui ne pardonnent pas sa double origine. "Nous sommes dans une société multiraciale, multi ethnique et l'on refuse cette richesse là, on en fait un handicap", s'indigne Dridi. " Les Gitans sont français depuis des siècles, mais ils ont toujours été exclus, et bien après eux, il y a eu les Maghrébins."

Immergé dans un camp de Gitans qui vivent sous une bretelle d'autoroute, à Marseille, le cinéaste a développé Khamsa avec le concours de ses occupants. Leur humanité éclate dans des scènes enflammées qui rythment les mouvements désordonnés des héros. Le film est aussi illuminé par la lumière de Marseille, valorisée par l'emploi du cinémascope. "J'avais envie de faire beaucoup de plans séquences pour intégrer les personnages dans leur décor", précise le cinéaste. "Choisir le scope pour filmer "ces gens là", c'était prendre le format le plus noble." Alors, rebondissant au gré des notes de flamenco ou de chants venus d'Afrique, les scènes vives de Khamsa tranchent comme des lames.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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