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Le drame du Congo s'invite sous un autre angle
Festival international du film francophone de Tübingen (11 au 19 novembre)
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 29/11/2008
Fortuné Bationo
Fortuné Bationo
Monique Phoba
Monique Phoba
Djo TUNDA WA MUNGA
Djo TUNDA WA MUNGA
Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO
Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO

Permettre au public d'apprendre les choses depuis un regard intérieur. Voilà ce qui a motivé les échanges autour de la République démocratique du Congo, le 15 novembre dernier, à l'atelier Kino de Tübingen.


La beauté d'un festival donne parfois rendez-vous sur des terrains inattendus : besoin de comprendre l'autre dans toutes ses composantes, avoir un guide personnel prêt à vous conduire partout. Tübingen ou le rêve d'un festival qui refait le festival, avec en ligne de mire des débats francs pour s'affranchir des clichés tenaces. Justement sur la guerre en République Démocratique du Congo, il en pleut beaucoup, par les soins des caméras occidentales. Autant de regards venus de l'extérieur, une manière de voir les choses profondément discutables.

Les cinéastes Monique Phoba, Djo Tunda Wa Mungo et Jean Michel Kibushi étaient les invités de ce débat qui avait pour thème : "La guerre civile au Congo et sa représentation au cinéma." Tous ont mis l'accent sur une guerre de pillage des richesses du Congo, orchrestrée par les grandes firmes internationales. Très souvent sur la même ligne critique, les invités ont tancé l'immobilisme des soldats de la Monuc, les forces des Nations unies, et ont dénoncé l'indifférence de la communauté internationale face aux crimes de guerre perpétrés par le général Laurent Nkunda.

"Les citoyens européens ne savent pas que le coltan, qui rentre dans la fabrication des téléphones portables, provient du sang des Congolais" a souligné Monique Phoba lors de échanges dirigés par la journaliste allemande Susanne Sterzenbach. Le réalisateur Djo Tunda a dénoncé aussi le courant de sympathie dont jouit le chef rebelle d'ethnie tutsi Laurent Nkunda, à cause du souvenir encore vivace du génocide rwandais. Selon cet intervenant, Laurent Nkunda n'est que le bras armé du Rwanda, qui participe activement au pillage du Nord Kivu. Abordant un autre chapitre, il a attribué la déroute de l'armée congolaise aux conséquences de l'embargo, pendant que le Rwanda conquérant peut remplir ses casernes à sa guise, à travers des commandes d'armements. Le public a semblé très préoccupé par le drame, au regard des questions posées. Signalons qu'une dizaine de films congolais ont été projetés au cours de cette 25ème édition du Festival international du film francophone de Tübingen.

Fortuné Bationo

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