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Le stylo du critique de cinéma
critique
rédigé par M'barek Housni
publié le 05/12/2008
M'barek Housni
M'barek Housni

Il est seul. À part, ce monsieur craint et haï à la fois mais impossible à écarter, à ignorer, à rapetisser ! Car il a cette capacité, cette attitude frontale de dire ce qu'il pense, ce qui lui est suggéré, ce que l'image lui signifie, symbolise, enfante et inspire. De le dire devant un auditoire, ou dans l'intimité d'un hypothétique lectorat isolé mais existant quelque part, un lieu sûr que seule l'occasion d'une rencontre, d'un lieu commun cinématographique fait resurgir, créant à l'occasion la satisfaction unique et peut-être pas comme les autres (avec toute la modestie du monde).

Il faut voir de près le regard d'un professionnel du cinéma (réalisateur, producteur, acteur ou autre…) devant l'isolement d'une phrase, comprise ou non, ambiguë ou claire, critique ou hypocrite, informative ou analytique. Car l'écrit demeure ombragé et plein de secrets. Il est différent de l'image en ce que celle-ci montre quand l'écrit suggère, fait déclencher par la suggestion l'intérêt et l'ambigüité, fait réfléchir et refléter le monde enfoui aux tréfonds de l'image et le sens collé aux mouvements multiples inféodés à celle-ci. Il s'opère entre le cinéma et le critique ce charme relationnel de l'ambigüité bazinienne (d'André Bazin, notre père à tous, nous critiques écrivains) et les délices de la création.

Ce monsieur d'aucuns le respectent. D'autres le combattent. Mais au pays où les borgnes sont légion il est difficile d'être cet œil pur, savant, courageux. Surtout quand cet être mordu à cette chose ignorée et omise par le fait que le septième art est avant tout un art de spectacle et de masse, d'où l'idée que chacun peut prétendre à la parole, à l'opinion et pire encore au jugement, non légitime, du goût, mais où manque de la science et la connaissance, ce monsieur a justement cette dernière résumée dans le mot REFERENCE.

Le stylo du critique vient droit tout fier et fiévreux de ses références visuelles et littéraires, qui sont le film et le livre. La culture imagée et la culture graphique. Car le cinéma se pratique et s'aime aussi à travers la masse littéraire de monographies, d'études, d'analyses, de textes dont il a fait l'objet depuis sa création, fait qu'ignore le public (au sens large) surtout dans les régions dites sous-développés culturellement. L'impression que dans un film donné tout est dit, que qu'il n'y a rien à ajouter à la "clarté" du récit filmique, classique ou moderne, expérimental ou autre, au mot "Fin, End" qui met fin à toute discussion à part celle de l'émotion ressentie mais pas toujours au rendez-vous ? Invoquant ainsi l'argument naïf de "l'œil n'a-t-il pas vu ?" Mais précisément pourquoi y a-t-il ces émotions et ces discussions autour des films?

Le critique, lui, aime écrire celles-ci, c'est-à-dire leur donner une ossature écrite, et écrire suppose la présence de l'émotion qui déclenche l'inspiration et nécessite la connaissance !

Là revenons et revoyons la frayeur sentie par le premier public, celui du train arrivant à la gare de 1895 ! Celui du premier film de cinéma réalisé par les frères Lumières !
Ce public a vu, il a eu peur et il s'est enfui ! Car malgré la confiance conférée à l'œil, l'image mouvante, elle, ne met pas en confiance et elle a sa part de caché et de mystère surtout si elle est confectionnée par une main ou plutôt un esprit élu des Dieux. Cette part il faut l'interroger et le stylo du critique s'est offert la tâche dure de côtoyer l'image et d'en ressortir tout le mystère et par là d'éclairer le spectateur et de lui ôter ce côté de subjugation idiote devant l'image.
Par ailleurs, l'écrit sur le cinéma est un plaisir…

M'barek HOUSNI