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Un rêve d'indépendance, de Monique Phoba
L'embuscade des belles illusions
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 29/12/2008
Fortuné Bationo
Fortuné Bationo
Monique MBEKA Phoba
Monique MBEKA Phoba

Le documentaire de 53 mn Un rêve d'indépendance de Monique Phoba, sorti en 1998, a été projeté au Festival international de film francophone de Tübingen en Allemagne (du 11 au 19 novembre 2008).

Dès la première image du film, les rouages d'un hommage se font entendre. Monique Phoba, réalisatrice de ce moyen métrage, suggère une messe de requiem à la mémoire de son grand père. Ce dernier occupait pendant la colonisation belge le poste d'assistant médical. Mais derrière la mémoire célébrée, c'est tout un passé colonial qui défile, pour faire revivre un métier des plus inhabituels : les assistants médicaux. Ce corps auquel appartenait le disparu, avait pour rôle d'assister les médecins. Capables de s'illustrer comme docteurs, ils n'avaient pourtant aucun espoir de franchir ce palier, réservé aux seuls Blancs.

Les flashbacks bien servis dans le film refont parler la vieille époque, où il était inimaginable de voir un médecin, dans les hôpitaux de l'ex-Zaïre, sans passer par ces assistants médicaux. En soutien aux images d'archives, différents témoignages se croisent, se succèdent, bien épaulés par des sorties de route anecdotiques, qui sont autant de virées salutaires dans la compréhension de l'ambiance de cette époque.

Dans ce documentaire où rien n'est superflu, les à-côtés bourdonnent de révélations complémentaires - d'un titre de journal à l'autre - délivrent de nouveaux éléments à charge contre l'esprit colonial. Mais ce parti pris débouche sur un constat amer, d'autant plus cruel que les rêves fous de la liberté au son du tube "Indépendance cha cha" n'ont pas vu venir : la descente aux enfers sanitaires avec le budget ridicule alloué au secteur de la santé, que les crises à répétitions ont davantage plongé dans le coma.

Dans la ville de Kinshasa grouillante de vie que dévoile si bien le film, la paupérisation attend les malades au tournant. Qui subissent l'arrivée des ordonnances comme un reproche à leur désir de vivre. La caméra pudique de Monique Phoba refuse de s'attarder sur les regards désemparés de quelques patients, pour donner la parole aux médecins, malades du manque d'équipements. Mais le documentaire va au-delà de cette atmosphère pour prêcher un nouveau départ, qui s'inspire de ceux qui ont su limiter la casse quand les médecins belges ont plié bagage dans la foulée de l'indépendance : les assistants médicaux.

Fortuné Bationo

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