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Wadaan Oummahat (Adieux mères), de Mohamed Ismail, Maroc
La marche d'un funambule
critique
rédigé par Baba Diop
publié le 11/03/2009
Baba Diop
Baba Diop
Mohamed Ismaïl
Mohamed Ismaïl
Rachid EL OUALI
Rachid EL OUALI
Souad Hamidou dans Islamour (Saad Chraïbi, 2007)
Souad Hamidou dans Islamour (Saad Chraïbi, 2007)

Le réalisateur marocain Mohamed Ismaïl avec Wadaan Oummahat (Adieux mères) se révèle un funambule qui avance sur la corde raide des sentiments avec le souci quasi obsessionnel de s'y maintenir en équilibre. Il calibre son film comme sur du papier millimétré évitant à chaque fois d'embourber sa caméra dans ce qui pourrait être perçu comme contre vérité ou exagération délibérée. Mohamed Ismaïl fait monter la tension à dose homéopathique : point de violence aveugle ni de xénophobie criarde. Il place d'entrée de jeu sa caméra dans un espace ouvert où la vie quotidienne s'égrène à un rythme de métronome. Il souligne le caractère harmonieux d'une cohabitation qui parait inébranlable.

Mohamed Ismaïl replace le spectateur dans l'ambiance du début des années 60, avec une fidélité dans la reconstitution du décor de l'époque, moment où la voiture Dauphine était le must des musts, signe d'aisance et de prospérité. Le costume croisé, une marque d'élégance. L'image d'Elvis Presley sur les murs de la chambre des ados, symbole d'une jeunesse dorée. Autant d'éléments qui soulignent les différences de classe sociales. La cohabitation harmonieuse entre juifs et musulmans marocains connaît sa première fêlure quand, en sortant de la synagogue, Mama Hana subit l'agression de jeunes voyous sous l'œil de Benchétrit, un agent de l'immigration venu convaincre les juifs de Casablanca de rejoindre la terre promise pour solidifier les fondations de la jeune nation israélienne. Benchétrit est un ultra pour qui un juif n'a qu'une seule terre : celle d'Israël. Le Rabin, loin d'être convaincu, a l'assurance que le Maroc, la terre qui l'a vu naître et grandir est bien la sienne. Dès lors, l'agression de Mama Hana est à minimiser. Elle ne relève pas de l'ordre de la xénophobie.

Henry le juif et Brahim le musulman, associés dans une affaire de vente de bois servant à la construction, se sont lies d'amitié depuis la tendre enfance ; leurs épouses partagent le même bureau de la petite compagnie d'assurance du vieux Oiknine. C'est dans cette ambiance que va naître l'amour de Eliane, fille de Chachana et Mehdi fils de Benchekroun : un amour entravé par l'esprit obtus des parents à nouer des liens de sang entre famille juive et musulmane.

Adieu Mères est un film de la déchirure, de l'arrachement là où la paisible cohabitation était plus que possible.

Baba Diop

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