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Expérience africaine, de Laurent Chevallier
Jazz session en Guinée
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 22/03/2009
Michel Amarger
Michel Amarger
Laurent Chevallier
Laurent Chevallier
Momo Wandel Soumah (1926-2003)
Momo Wandel Soumah (1926-2003)

LM Documentaire de Laurent Chevallier, France, 2008
Sortie France : 25 mars 2009

Les rythmes de la Guinée crépitent régulièrement dans les films de Laurent Chevallier. Le réalisateur français s'est passionné pour les musiciens comme Mamady Keita, héros de Djembefola, 1992, et Mögöbalu, 1998, ou Momo Wandel, tête d'affiche de Momo le doyen, 2007, après avoir composé les musiques de L'enfant noir, 1995, Aoutara, 1996, Circus Baobab, 2000, Voyage au pays des peaux blanches, 2003. Ces films attestent de l'attachement progressif et profond de Laurent Chevallier à la Guinée. Caméraman baroudeur, connu pour ses documentaires énergiques, le cinéaste français en phase avec l'Afrique, jette un pont direct entre les continents avec Expérience africaine, 2008.

Ce documentaire, rythmé par le jazz, retrace l'aventure de six élèves d'une classe de Marciac, en France, qui suivent un stage d'initiation à la musique donné par les membres du groupe guinéen Folifö. Compagnons du doyen décédé, Momo Wandel, ils arrivent dans la petite ville du Gers pour sensibiliser les adolescents du lycée à leur tempo avant de donner un concert avec eux au 30 ème festival Jazz in Marciac. De leur prise de contact aux répétitions, le film suit au plus près quelques moments forts des échanges jusqu'au concert final. Et l'apprentissage se poursuit en Guinée pour les six jeunes français sélectionnés, curieux de frotter leur pratique du jazz aux percussions guinéennes tout en découvrant le pays.

En multipliant les rencontres musicales sous l'encadrement des professeurs, les adolescents se préparent à un concert métissé pour faire vibrer le public guinéen. L'accueil chaleureux des musiciens de Conakry permet aux jeunes Français d'approcher quelques valeurs de la Guinée tout en mesurant leurs différences. Cimentés par les rythmes trépidants, les rapports font naître questions, étonnements, fous rires. "Six jeunes Blancs qui reçoivent les enseignements de maîtres noirs, c'est le monde à l'envers !", s'amuse Laurent Chevallier, prompt à saisir les scènes vives. "Je pense qu'il y a une certaine similitude entre le cinéma et la musique de jazz", avance t il. "On part d'une idée, d'un thème, d'une histoire que l'on va filmer au plus près de la réalité, tout en y imprimant, un point de vue, une sensibilité, une interprétation."

Cette approche est à la base du cinéma de Laurent Chevallier. Décomplexé et direct dans son rapport avec ses sujets africains, il met sa caméra au service des rencontres, des hommes, des échanges qui engagent à se dépasser. C'est pourquoi son nouveau documentaire est un support ouvert au dialogue. "Nous souhaitons proposer aux enseignants, aux éducateurs et à leurs élèves de faire à leur tour cette expérience. En allant découvrir le film et en poursuivant ce travail ensuite au sein de leurs établissements dans des ateliers de rencontre avec cette culture, ces cultures plutôt, africaine en compagnie de certains artistes du film", explique le cinéaste.

"Demain j'espère une suite à ce film en créant, à Conakry, avec mes amis guinéens, la première école d'afro jazz dans laquelle, bien entendu, les acteurs de ce film seront les premiers concernés", poursuit le réalisateur français. Pour lui, Expérience africaine doit être un moteur d'actions formatrices et le cinéma une invitation au partage : "Ce projet n'est qu'une petite pierre mais il me semble important de conserver, même faible, une lueur d'espoir dans cette période de crise internationale où le sort de l'Afrique semble être le cadet des soucis de ceux qui nous dirigent."

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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