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Hôtel Rwanda, de Terry George
Le génocide au Rwanda : un crime au poids lourd contre l'humanité
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 07/04/2009

L'affaire du génocide au Rwanda, a eu un rebondissement sur la scène politique internationale, suite à l'arrestation de Rose Kabuye, Directrice du Protocole du président rwandais, à l'aéroport de Francfort en Allemagne début novembre 2008, suite à un mandat d'arrêt français. Le juge Bruguière avance qu'elle est impliquée dans l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, qui a marqué le début du génocide hutu contre les Tutsis et les Hutus démocrates. Une tuerie qui a secoué le monde, par le nombre faramineux de victimes. Le génocide a débuté le 07 avril 1994, il y a 15 ans.

L'histoire de ce génocide a été racontée dans un film intitulé Hôtel Rwanda, réalisé par le cinéaste britannique Terry George, inspiré par une étude dirigée par le chercheur rwandais Paul Rusesabagina, dans l'intention de sonner le glas, et attirer l'attention de l'opinion public international sur cet horrible crime, conséquence de la guerre civile éclatée en 1994,entre les hutus et le front patriotique rwandais, une confrontation meurtrière ; à l'initiative du gouvernement de majorité Hutu, qui a organisé des milices pour "nettoyer" le pays des milles collines de toute trace des Tutsis, accusés d'être les alliés des Belges, qui avaient alors la main basse sur le Rwanda, le pays le plus peuplé de l'Afrique de l'Est.

L'histoire, se passe au sein d'un hôtel cinq étoiles, "Les milles collines", situé à Kigali, la capitale rwandaise, fréquenté par des touristes de luxe, des diplomates et de grandes personnalités du corps militaire du pays. Le héros c'est Paul, le gérant de l'hôtel ; un rôle campé admirablement par l'acteur noir américain Don Cheadle. Il est Hutu et ne ressent aucune haine envers les Tutsis avec qui il entretient des relations plus qu'amicales.

Le film est une coproduction internationale : américaine, britannique, italienne et sud-africaine. Il démontre les dessous de la politique internationale, et les rapports nord-sud caractérisés par les intérêts des camps riches, vis-à-vis des pauvres ; l'image des soldats africains caricaturée, n'échappe pas aux jugements des Européens, démontrant un général rwandais qui tombe facilement sous le charme d'une bouteille de vin et marchande la vie des tutsis contre quelques bières, qui valent - selon lui ou selon les producteurs - beaucoup plus que les principes hutus, ce qui a suscité énormément de critiques et a fait couler beaucoup d'encre.

Le grand acteur américain Nick Nolte, était de la partie, dans la peau d'un colonel, en mission au Rwanda, dirigeant un régiment composé des casques bleus, pour veiller à la sécurité des étrangers et arrêter le massacre qui a enregistré le taux des victimes le plus élevé dans l'histoire de l'Afrique. Ces souvenirs sanglants faisaient du Rwanda le théâtre du "crime organisé" le plus horrible et ne cesse de susciter des rebondissements au niveau des recherches des auteurs et initiateurs de ces massacres.
Paul, le gérant de l'hôtel, soupçonné de porter assistance aux Tutsis, est considéré comme un traitre, devenu alors la cible des siens,sa femme, ses enfants et les fonctionnaires des "milles collines", sont sous la menaces des Hutus, sauvés à maintes reprises par leurs protecteurs, les forces des Nations Unies. En guise de récompense, le gérant, qui était au service de tout le monde et surtout aux personnes en danger, sera désigné pour regagner la Belgique en compagnie de sa famille.

Hôtel Rwanda relate donc une réalité contestée par les uns et applaudie par d'autres, dénonce aussi l'autre face de la politique malsaine, ciblant des intérêts économiques et politiques au détriment de la composante d'un pays souvent victime des différends entre des leaders politiques et chefs tribaux de différentes appartenances ethniques, et religieuses.

Terry George a mis l'accent sur l'hôtel des mille collines, connu comme un oasis calme, en tant que théâtre de ces événements, devenu un camps de réfugiés abritant des enfants orphelins, des citoyens tutsis et leurs sympathisants traités de cafards par les hutu. Il a su aussi donner l'image réelle de cette peur qui a fait trembler,Tatiana, la femme du gérant et son fils terrorisés par les actes barbares des soldats hutus,comme il a donné un aspect crédible des milices, incontrôlables et déchainés qui sont à la chasse des tutsis, qui étaient jusqu'hier leurs amis et voisins, sous prétexte qu'ils les ont trahi en se mettant du côté des belges, l'étiquette du "tutsi vendu"leur a été collée, donc ils méritent d'être châtiés; une fois le Pays sombré dans le désordre de la guerre civile, il ne représente plus aucun intérêt pour les forces extérieures, et délaissé, le peuple rwandais est livré à lui-même, sans aucune assistance mais avec beaucoup de dégâts.

Le film est sorti le 30 mars 2005.

Amina Barakat

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