AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 364 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Lieux saints, de Jean-Marie Téno
Les chroniques ouagalaises de Jean Marie Teno
critique
rédigé par Jacques Bessala Manga
publié le 10/04/2009
Jacques Bessala Manga
Jacques Bessala Manga
Jean-Marie Teno
Jean-Marie Teno
Jules César
Jules César
Jean-Marie Teno et Jules César
Jean-Marie Teno et Jules César

Le réalisateur camerounais a présenté son dernier documentaire en sortie mondiale mardi 03 mars à Ouaga.

Le cinéma Neerwaya a fait son plein pour regarder le dernier film de Jean-Marie Teno. Plusieurs raisons ont pu justifier cette invasion, dont la plus plausible est certainement la découverte "mondiale" de cette mosaïque de Ouagadougou, une ville qui doit désormais sa réputation planétaire au cinéma, par l'organisation de la biennale du cinéma africain, le Fespaco.

Le film de Teno est profondément immergé dans Saint-Léon, un quartier populaire de Ouagadougou, coincé entre une église et une mosquée, et dont la vie est rythmée par le djembé et le cinéclub. Loin de se laisser abattre par la difficulté de leur quotidien, les habitants du quartier qui vivent pour la plupart de petits boulots, trouvent quand même quelques raisons de se faire plaisir, avec les frasques sympathiques du "scribe" du quartier d'un quinquagénaire un peu déglingué qui déclame au quotidien sur un babillard de fortune des formules philosophiques sorties de son imagination perturbée.

Les Lieux saints, c'est le quotidien d'Abbo, tenancier d'un cinéclub qui diffuse à longueur de journée des films pour cette communauté défavorisée de Ouaga. Les circuits d'approvisionnement, les genres de films adulés par les publics, les logiques de programmation, tout est effleuré par la caméra inquisitrice de Teno. Dans un style documentaire dans lequel il est passé maître, le réalisateur laisse généreusement parler les sujets qui portent l'histoire, qui la racontent avec un réalisme passionné, dans un humour qui traduit toute la fierté du "pays des hommes intègres". Par anecdotes succulentes, chacun y va de sa meilleure expression, comme pour se prouver à soi-même quelque chose, comme pour montrer aux yeux du monde que le Burkina Faso, que le cœur de Ouagadougou bat au rythme du cinéma.

Porté par la voix fluette et suave de Teno, qui officie aussi dans le documentaire comme narrateur, le film autant est un plaidoyer pour une démocratisation du cinéma, pour qu'il rentre dans les quartiers populaires d'où il n'aurait jamais dû partir, qu'il cesse d'être ce luxe accessible aux seuls nantis. Idrissa Ouedraogo, qui prête sa voix aux damnés de Ouaga, n'est pas particulièrement hostile à ce mode de consommation qui se démarque forcément de l'orthodoxie, car englué dans cette exploitation marginale des œuvres de l'esprit. Au-delà, le documentaire de Jean-Marie Teno se laisse regarder agréablement.

Jacques Bessala Manga

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés