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Christiane Chabi Kao, réalisatrice, entretien avec Sitou Ayité
"Je pense que la politique avec les salles de cinéma doit être revue"
critique
rédigé par Sitou Ayité
publié le 13/04/2009
Sitou Ayité
Sitou Ayité
Christiane CHABI-KAO (photo: Fortuné Bationo)
Christiane CHABI-KAO (photo: Fortuné Bationo)
Les Inséparables, 2007
Les Inséparables, 2007
Christiane CHABI-KAO (photo: Fortuné Bationo)
Christiane CHABI-KAO (photo: Fortuné Bationo)
Monique Phoba
Monique Phoba
Monique Phoba au Festival de Tuebingen 2008 (Allemagne). Foto: Karin Czuka
Monique Phoba au Festival de Tuebingen 2008 (Allemagne). Foto: Karin Czuka
Monique Phoba et Bärbel Mauch, au Filmtage Tuebingen 2008. Foto: Christine Wawra
Monique Phoba et Bärbel Mauch, au Filmtage Tuebingen 2008. Foto: Christine Wawra
Idrissou Mora-Kpaï
Idrissou Mora-Kpaï

Réalisatrice, femme d'affaires et récemment déléguée de festival, Christiane Chabi Kao est une femme qui se bat pour le cinéma. Elle était présente au Fespaco avec sa série télévisée Les inséparables qui a eu un prix spécial dans la catégorie TV video. Elle accepte de nous parler de son film, de son festival et de donner son point de vue sur l'exploitation des salles de cinéma en Afrique subsaharienne.

1- Parlez nous un peu de votre série ?

Et bien, c'est l'histoire d'une maman à qui on a arraché les enfants et qui retourne en ville les chercher. C'est une série de 4 épisodes et elle vient d'avoir un prix spécial dans la catégorie TV vidéo au Fespaco 2009. Mais avant, ce film a reçu le prix de la meilleure série africaine au festival "Vues d'Afrique" et a été sélectionné au festival d'Amiens

2- Quel a été l'accueil de ce film lors des projections au Fespaco ?

Je l'ai répété plusieurs fois sur les médias et je le dis de nouveau : j'ai déploré les conditions dans lesquelles mon film a été projeté. Je trouve qu'il n'y avait pas assez de contact avec le public car dès que le film était fini, le public s'était levé et est parti. D'un autre côté, la projection s'est faite dans une salle trop éclairée, ce qui a fait vider la salle avant la fin du film.

3- À vous entendre, c'était une mauvaise expérience.

Je pense simplement que la politique avec les salles de cinéma doit être revu. En compensation à ce qui m'est arrivé, je me suis rapproché d'un stand au MICA, appelé cinéclub jeunesse. Ce cinéclub m'a permis d'aller projeter mon film dans un lycée de la ville. Les élèves ont adoré ; mais tout ce qui ressort c'est le regret de ne pouvoir se payer les salles de cinéma pour les films du Fespaco.

4- Pensez vous donc que le cinéma africain ne pourra survivre qu'en dehors des salles de cinéma ?

Moi je pense qu'il ne faut pas se leurrer. En tant qu'aussi femme d'affaires, je suis très pragmatique en ce qui concerne le secteur économique. Les films africains ne devront leur survie qu'au fait que si l'on prend en compte l'exigence de les promouvoir autrement. L'État ne peut pas tout faire, parce qu'il investit difficilement déjà dans la culture et s'il doit en plus mettre de l'argent dans des salles qui ne rapporteront rien… c'est la même chose avec les investisseurs privés. Ce n'est pas eux qui vont dire : "investissons dans un domaine qui n'est pas solvable". Personne ne le fera. Il faut donc trouver une solution.

5- En tant que productrice, quelles solutions pratiques proposez-vous à cette situation ?

J'ai eu une formation en économie sociale et ce que je peux dire est que du moment où l'État se désengage de ce secteur, il faut voir dans quelles mesures on peut apporter le cinéma dans les quartiers comme dans le cas de la micro finance. On peut mettre en place dans les quartiers des salles de projection, pas trop onéreuses et à but non lucratif. C'est vrai, cela pose un problème de rentabilité des films projetés ; mais je pense qu'il faut passer par là avant de trouver une solution à la rentabilité.Il faut reconnaître que les subventions pour la plupart des films de la sous région sont occidentales. Je veux dire qu'on est un peu payés pour nos films et si nous trouvons une place dans ces subventions pour la stratégie dont j'ai parlée, on cultivera le goût et c'est de là que naîtra l'habitude d'aller au cinéma.

6- On vous connaît en tant que réalisatrice et femme d'affaires. Vous venez d'y ajouter la casquette de directrice de festival. Comment cela s'est fait ?

En réalité, j'ai connu Monique Phoba au cours du festival "Lagunimages". C'est une Congolaise qui a vécu au Bénin pendant 12 ans et c'est elle qui a initié ce festival. Puisque son mari est en fin de mission, elle devait donc repartir. Au cours de l'assemblée générale de l'association qui organise le festival et dont Monique était la présidente, j'ai été élue présidente et voilà, je suis chargée d'organiser Lagunimages pendant les 4 prochaines années.

7- Donnerez vous un nouveau visage au Festival ou allez vous simplement continuer l'œuvre de votre prédécesseure ?

En fait le festival garde son ossature, mais ce qu'il y aurait de nouveau et pourquoi je lutte est d'avoir des subventions locales, c'est-à-dire béninoises. Depuis 2000 où le festival a été créé, il a été soutenu par des fonds étrangers et je pense qu'il est important que l'État béninois s'implique davantage sur le plan financier.

8- Est-ce juste des promesses ?

Pas du tout. On a toujours été soutenu par l'État béninois et c'est encore le cas. De plus, cette année le pays invité est l'Allemagne. L'ambassadeur, qui est vraiment un homme de culture, a beaucoup investi dans ce festival. Il y a également plusieurs autres organismes qui nous soutiennent.

9- Quand se déroule le festival et qu'avez-vous au programme ?

Lagunimages se déroule du 26 au 29 Avril 2009 et il y a 5 sections au programme :
- la section "film thématique". Celui de cette année est le métissage
- la section "vision intérieur". Elle cible les productions locales et celle-ci s'intéressera aux films d'école de l'ISMA (Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel) au Bénin
- la section "actualité du documentaire et du film africain"
- la section "hommage". 3 hommages seront faits : 2 à des personnes physiques qui sont Bärbel Mauch, une productrice allemande et Idrissou Mora Kpaï, un réalisateur béninois, et un hommage à une personne morale, une institution : la Deutsch Welle Akademie
- la section "pays invité". il s'agit de l'Allemagne.

10- Qui peut participer à ce festival et comment ?

Tout le monde peut participer à Lagunimages et les inscriptions seront bientôt lancées sur le site.

Propos recueillis par
Sitou Ayité

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