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Dorothee Wenner, ancienne Directrice du Berlinale Talent Campus (Allemagne)
"Nous sommes vraiment intéressés par les films africains"
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 16/04/2009
Fortuné Bationo
Fortuné Bationo
Dorothee Wenner
Dorothee Wenner
Peace Anyiam Fiberesima dans Peace Mission (2008) réalisé par Dorothee Wenner sur Nollywood (le cinéma nigérian)
Peace Anyiam Fiberesima dans Peace Mission (2008) réalisé par Dorothee Wenner sur Nollywood (le cinéma nigérian)

Établir un réseau à partir duquel le cinéma africain sortira la tête de l'eau. Le Festival international du film de Berlin entend par cette trouvaille accroitre la visibilité du 7ème art Africain qui figure peu dans l'agenda des grands festivals, à cause notamment d'une faible production. L'ancienne directrice de la Berlinale Talent Campus (2006-2008), Dorothee Wenner (actuellement membre du comité de sélection de la Berlinale), revient dans cet entretien sur les motivations d'un tel engagement, qui voit grand.

Qu'est-ce qui fait qu'il y a très peu de films africains à cette 59ème édition de la Berlinale ?
Je trouve très difficile la situation générale des productions des films africains. Elle est même dramatique. C'est pourquoi j'espère qu'on prendra l'année prochaine des initiatives qui, peut-être, vont contribuer à mieux soutenir les réalisateurs et les producteurs africains. Nous sommes vraiment intéressés par les films africains mais malheureusement, ceux qui sont réalisés au Nigeria, pour prendre cet exemple là, ne peuvent pas, pour d'évidentes raisons techniques, figurer dans notre sélection. Nous essayons quand même de trouver des films qui vont intégrer un réseau de réalisateurs qui font des films afin d'améliorer l'an prochain la situation d'ensemble des films africains au sud du Sahara.

En quoi va consister cette stratégie concrètement pour aider les réalisateurs africains ?
En termes de production de films en Afrique subsaharienne, c'est insignifiant. Le cinéma ne fonctionne plus très bien. D'où ce réflexe des producteurs à privilégier les films destinés à la télévision. Produire un film pour la télévision requiert un style tout à fait différent de celui du cinéma. C'est un très grand problème, parce que finalement si tu habites dans un pays où il n'y a presque rien pour le cinéma, pourquoi faire des films pour le cinéma ? Il faut travailler en synergie, avec les gens qui sont là. Nous avons la grande volonté de soutenir les films africains. C'est une situation très difficile parce que si on veut améliorer la situation, on doit produire des films mais nous ne sommes pas (ndlr : Berlinale) producteur de films. Des difficultés et des moyens pour voler au secours de ce cinéma, nous en avons longuement discuté. La stratégie est de proposer quelque chose de différent en Afrique et en Amérique du sud. Mais nous ne pouvons rien entreprendre sans la demande de nos partenaires, nos amis en Afrique.
Si un festival, par exemple Lagunimages, s'adresse à nous parce que l'argent fait défaut dans tel ou tel volet, nous pouvons mettre à sa disposition un réseau d'experts et lui fournir des contacts utiles de certains réalisateurs. C'est un premier niveau de collaboration.
L'autre niveau concerne le Talent Campus qui entretient un partenariat avec le Festival de Durban en Afrique du sud. Quarante jeunes réalisateurs du continent pourront, grâce au Goethe Institut, prendre part à la Berlinale et au Festival international de film de Durban. Cela, pour installer un véritable réseau entre les réalisateurs et les producteurs en Afrique. Dans ce Talent campus là, une formule fait son chemin à chaque édition: il s'agit de la production de cinq courts métrages. Les gens qui vont à Durban ont ainsi une chance de réaliser un film de court métrage. C'est un exemple de soutien. Nous sommes un festival de film et non un grand producteur de films.
Dernièrement, j'ai eu une rencontre avec des membres du parlement et à laquelle participaient des réalisateurs de la série de documentaires contre le racisme. Ce sont des films qui ont été appréciés. Les personnalités ont compris que c'était une programmation très importante. Elles pourraient trouver des fonds pour aider et distribuer ces films aussi bien en Afrique du sud que dans d'autres pays qui sont intéressés. Voila un exemple qui montre un peu comment nous intervenons.
Nous ne voulons pas débarquer en Afrique et dire : "Il faut faire quelque chose comme ça !" ; les animateurs de ce secteur étant des professionnels. Nous agissons après avoir été approchés par une personne, un festival ou une institution. On voit alors avec le partenaire ce qu'il y a lieu de faire. Ici dans le Talent campus (Ndlr : 59ème Berlinale), il y a trente réalisateurs, producteurs, monteurs et acteurs. Dans ce réseau de Talent campus, on peut avoir, grâce à notre site internet, une chance de rencontrer d'autres gens. Par exemple si vous êtes un producteur habitant au Bénin et que vous voulez tourner un film au Cameroun, vous visitez notre site internet et peut-être vous pouvez rencontrer un autre professionnel au Cameroun et qui est intéressé pour participer au projet. Nous encourageons ce genre d'initiatives et de rencontres professionnelles. Notre souhait est qu'on nous approche pour chercher comment travailler ensemble.

Il y a combien de Talent Campus en dehors de la Berlinale ?
Un à Durban, un à Sarajevo, un à Guadalajara au Mexique et un autre à Buenos aires en Argentine. On ne peut pas avoir trop de partenaires Talent Campus. On travaille déjà trop et ce n'est pas très facile. Il y a beaucoup de travail en extra et c'est très difficile. Nous sommes deux ou trois personnes à travailler sans relâche.

Entretien réalisé à Berlin
par Fortuné Bationo

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