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Fantan Fanga (Le pouvoir des pauvres), de Adama Drabo et Ladji Diakité
Les pratiques rituelles mises à nu
critique
rédigé par Almahady Cissé
publié le 17/04/2009
Almahady Cissé
Almahady Cissé
Adama Drabo et Ladji Diakité
Adama Drabo et Ladji Diakité

Le film commence par une musique mythique de Kora…l ors d'une veillée une veillée où une griotte raconte les mystères du pouvoir des pauvres, "Fantan Fanga".

Fantan Fanga s'inspire de faits réel d'enlèvements et assassinats d'enfants survenus en 2004 à Bamako, la capitale malienne et dans sa banlieue lors d'une élection. À travers Fantan Fanga, les réalisateurs Adama Drabo et Ladji Diakité ont voulu dénoncer les pratiques des crimes rituels qui surviennent lors des élections.
En effet, au Mali comme dans beaucoup pays en Afrique, il n'est pas rare de découvrir de cadavres mutilés auxquels on a prélevé des organes. Ces crimes rituels prouvent aux yeux des réalisateurs, que la démocratie malienne est fragile, à l'instar des jeunes démocraties africaines.

Les faits.

En fin de mandat, le Président démissionne, ouvrant la course au pouvoir. Dans cette phase d'agitation politique, un jeune albinos Lassine est assassiné par deux inconnus qui lui ôtèrent la tête.
Son ami, Fafa, un jeune metteur en scène et animateur d'une troupe théâtrale et une jeune inspectrice de police Doussou, qui a également perdu son neveu pendant les dernières élections se lancent dans une traque pour démasquer les vrais coupables.
Ils vont bénéficier du concours d'un journaliste engagé, Daouda, directeur de publication d'un journal local. La nuit du crime, Daouda a pu prendre les images des deux assassins. Lui-même sera agressé et blessé. Il sera par la suite hospitalisé.

Malgré sa détermination, Doussou est dessaisie de l'enquête. Son supérieur lui préfère deux autres collègues. Obstinée, elle parvint grâce aux concours de Fafa et du maître-chasseur Djineblen, oncle de Lassine, à faire progresser l'enquête et à démasquer les auteurs.

Fantan Fanga, fait un savant dosage entre les rôles des forces politiques, sécuritaires et de la société civile. Il met en relief la complicité entre les milieux politiques (mafias) et les responsables de la sécurité. La parole est donnée aux acteurs de la société civile.
Le film dénonce les pratiques de sacrifices humains dont sont souvent victimes une certaine catégorie de notre société, à savoir les handicapés et les albinos. Cette dernière catégorie dans bon nombre de pays sont malheureusement visés par les marabouts et autres féticheurs sans scrupules pour leur sacrifice.
Le message du film est clair : de l'avis des réalisateurs "… pour le développement de nos pays, nous avons besoin de démocratie propre qui ne souffre d'aucune pratique de sacrifice humain". Il s'agira à travers ce film de faire découvrir et dénoncer une triste réalité : "les pratiques néfastes auxquelles s'adonnent certains hommes politiques pour conquérir le pouvoir sous nos cieux…"

Fort heureusement, la fin du film montre qu'une synergie d'actions entre les différents acteurs - chasseurs traditionnels, comédiens et médias- permet d'obtenir un résultat...
En effet, après le travail d'enquête de la jeune inspectrice de police, Doussou, et les appels à une justice des camarades de lassine, le journal Patriote a pris le relais pour rendre public l'affaire.
La suite ? L'affaire initialement classée sans suite est déclassée !

Le message est vraiment une onde lancée à l'endroit des hommes aux pouvoirs et tous ceux qui aspirent à la conquête du pouvoir par tous les moyens.
Auront-ils compris enfin que la force des pauvres, voire son pouvoir, réside dans sa force vitale ?

Almahady Cissé

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