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Les Casablancais, de Abdelkader Lagtaâ
Situations de la vie quotidienne dans une grande ville !
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 23/04/2009
Noureddine Mhakkak
Noureddine Mhakkak
Les Casablancais
Les Casablancais
Les Casablancais
Les Casablancais
A. LAGTAA, Driss KHOURY et Med ZOUHIR, Tanger, 2007.
A. LAGTAA, Driss KHOURY et Med ZOUHIR, Tanger, 2007.
Abdelkader Lagtâa
Abdelkader Lagtâa

Les Casablancais marque une progression qualitative au sein du cinéma marocain, avec une vision originale sur les choses habituelles dans la vie quotidienne. Le film traite de trois situations humaines qui se rencontrent parfois mais qui s'éloignent aussi à d'autres moments du récit. L'action se déroule dans le même quartier, et leurs personnages veulent que leur vie se change vers le mieux, en dépassant tous les obstacles.
Certes cette façon de présenter les personnages du film en parallèle, en réservant à chacun d'eux une partie du film, est une façon bien connue dans les films européens et américains, et même arabes. Mais c'est tout à fait nouveau dans le cinéma marocain qui était habitué à présenter des films où règne le seul héros principal.
Même quand les circonstances sont tragiques, Abdelkader Lagtaâ réussit à en tirer une substance simple et même comique.

Le film parle d'abord d'un citoyen qui reçoit une convocation du commissariat de police, et qui n'en dort plus de peur, croyant qu'il va être emprisonné pour toujours.
Cette situation tragi-comique est rendue avec justesse par le célèbre Saâdallah Aziz ; le rôle de son épouse est confié à Khadija Assad, sans aucun doute la meilleure actrice marocaine de sa génération. Cette rencontre avec elle a le pousser à faire le maximum de lui pour être à la hauteur de son talent connu, comme il a été toujours. Aussi à l'aise dans les moments tragiques que comiques du film, il donne vie et crédibilité à l'histoire. Il donne au film son image critique envers la société casablancaise dans ce temps là, qui se base sur la description fatale de la peur maladive d'être sous le regard des autres, cette peur qui peut bouleverser la vie d'un couple conjugale sans aucune base réelle d'une part, et d'une autre son style d'expression exceptionnelle qui appartient à la nouvelle vague cinématographique, et qui se montre à travers le découpage des scènes narratives, en partant d'une à l'autre à travers le changement des événements et des personnages en même temps,

La deuxième situation se présente par l'étudiante qui veut récupérer son passeport afin de continuer ses études à l'étranger. Son travail de recherche porte sur la prostitution des femmes et leur misère quotidienne dans les pays du tiers monde. Son envie de quitter le territoire national la fait rencontrer le Mokaddem local (le représentant local de l'administration dans chaque quartier). Le travail de cet homme est de connaître les habitants du quartier sous sa responsabilité. Cela le pousse à nouer certaines relations avec les gens de son quartier, dont le gardien et une prostituée qu'il emploie comme ses yeux, ses espions.
Le réalisateur Abdelkader Lagtaâ s'appuie ici sur de merveilleux acteurs : Salaheddine Ben Moussa (le Mokaddem) et Noureddine Bikr (le gardien) pour bien montrer la vie quotidienne des habitants et les relations qui règnent entre eux.

La troisième situation est celle d'un couple et leur petit enfant. Le mari (interprété par l'excellent comédien Mohamed Ben Brahim) ne voit dans la vie que l'alcool et son monde de rêve. Il est alcoolique, tandis que son épouse est une femme traditionnelle qui s'intéresse à son foyer, sans être capable d'élever toute seule son fils unique. Cela pousse le petit enfant à chercher l'amour ailleurs. Malheureusement ; il ne trouve que des gens qui veulent profiter de sa situation familiale et le pousser par leurs idées fausses à tuer son père. Car selon ces extrémistes, il n'est plus un musulman puisqu'il boit de l'alcool et ne fait pas la prière. Le rôle de l'épouse est tenu par Saida Baâdi.

Avec ce film, Abdelkader Lagtaâ se révèle comme un des grands noms du cinéma marocain, par son regard critique, d'une façon simple et même un peu ironique. C'est autant envers la société casablancaise dans ce temps là (le film est sorti en 1999), qu'à propos de la vie quotidienne des gens, comme on peut en trouver dans toutes les grandes villes arabes et pas seulement à Casablanca. Il se distingue par sa maîtrise de la réalisation : du point de vue du son, de l'image et le jeu des acteurs menés avec une main de maître.

Noureddine Mhakkak

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