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Tal der Ahnungslosen (The Valley of innocence), de Branwen Okpako
L'esclave du passé
critique
rédigé par Sitou Ayité
publié le 30/04/2009
Sitou Ayité
Sitou Ayité
Branwen Okpako
Branwen Okpako
Valley of the Innocent (Tal der Ahnungslosen)
Valley of the Innocent (Tal der Ahnungslosen)
Branwen Okpako, à Lagunimages 2009
Branwen Okpako, à Lagunimages 2009
The Valley of the Innocent
The Valley of the Innocent
The Valley of the Innocent
The Valley of the Innocent
Branwen Okpako
Branwen Okpako
Lagunimages 2009
Lagunimages 2009

Pays: Allemagne
Durée: 1h25
Format : 35mm

La musique qui se joue dès les premiers instants du film capte immédiatement l'attention du spectateur. Cette mélodie en Swahili est interprétée par une Kenyane du nom d'Onejiru. La musique intervient à plusieurs endroits du film et évoque une complainte d'esclave. Elle résonne comme un cri de l'âme. Effectivement, dans ce film, le personnage principal Eva Meyer se livre corps et âme à la recherche de ses racines. Cette musique donne l'impression de parler et de crier pour elle. The valley of innocence est un cocktail de tous les états d'âme d'une femme métisse nommée Eva Meyer qui cherche ses origines dans un milieu où la communication connaît elle-même une obstruction géographique.

L'histoire se déroule principalement dans la ville où Eva a passé son enfance. Ce facteur a beaucoup joué dans les conflits émotionnels de l'actrice qui le montre très bien à travers les images. L'autre élement qui joue en faveur de cette magnifique histoire est la profession d'agent de police du personnage d'Eva. Elle flaire, elle cherche, elle fouille dans le passé, pour arriver à son objectif.

L'histoire est transcrite telle un polar, où les investigations sont entreprises pour trouver le meurtrier ; à la différence que le meurtrier d'Eva est son propre passé. Le passé est un élément permanent de référence dans ce film. Nous sommes dans un drame où le passé d'Eva est un puzzle qu'il faut reconstituer pour comprendre son présent et évoluer positivement vers l'avenir. Ce grand mur de silence entre le passé et le présent que l'actrice essaie de briser à chaque instant augmente la curiosité du spectateur.

La photographie est réussie. Elle est mise en valeur dans plusieurs gros plans ; notamment celui d'Eva plantée devant une grille, un bouquet de roses rouges à la main, fixant la maison de ses parents qu'elle n'a jamais connus. Non seulement la photographie est excellente dans cette scène, mais également elle est d'un symbolisme extraordinaire. L'ombre du grillage qui se dessine dans le visage expectant d'Eva montre une femme en prison qui attend que la grille de la prison s'ouvre pour la libérer.

On remarque que l'auteur manipule efficacement le style manichéen. Le film n'a aucun caractère raciste, mais la réalisatrice montre une force qui s'imbrique entre le Blanc et le Noir, les cheveux raides qui deviennent lisses dès qu'on y passe du fer chauffé, le passé et le présent. D'ailleurs le souci du passage entre la dimension passée et le présent montre que la réalisatrice maîtrise le langage cinématographique mais le transcende souvent. On sent un montage au format de films fantastiques à cause des voyages sans transition entre le passé et le présent. On voit Helga revivant sa vie passée et Eva rompre avec son moi "enfant" représenté par une petite fille dans l'une des scènes de la fin. L'utilisation originale des flash backs est l'une des beautés de ce film.

Ce film réalisé en 2003, dans le contexte plus restreint des questions de l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest et des brassages, se révèle très universel aujourd'hui, avec le thème d'actualité qu'est le métissage.

Sitou Ayité (Togo)

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