Le 62ème Festival de Cannes qui aura lieu du 13 au 24 mai s'annonce particulièrement cinéphile. Outre la dimension économique du plus grand festival du monde, la place accordée à la découverte est de plus en plus grande. Bien sûr la sélection officielle donne le vertige par des noms de cinéastes mythiques allant de Tarantino à Almodovar, passant par Michael Haneke, Ken Loach et Alain Resnais, Souleymane Cissé… et d'autres encore qui ne manquent ni de prestige ni d'éclat.
Un grand festival vaut par ses grands boulevards mais aussi par ses petites ruelles. C'est dans cet esprit que les sections parallèles ont été créées et ont progressivement pris de l'importance comme lieu où les nouvelles tendances et expériences trouvent leur place en attendant de passer de l'autre côté de la croisette. Les grands sont passés par là, quand ils étaient encore jeunes et faisaient leurs premiers pas, et leurs premiers Cannes.
Pas très loin du palais des festivals, temple du cinéma avec ses aspects multiples : business, paillettes, et Art, un pavillon est consacré aux cinémas de la "marge". Parrainé par deux grands noms du septième art, Juliette Binoche et Abderrahmane Sissako, le pavillon des Cinémas du Sud est rebaptisé cette année pour devenir celui des Cinémas du monde. Mais la vocation première de cet espace reste la même : servir de plate-forme pour la découverte de nouveaux cinéastes en herbe venant de tous horizons.
Et puis il y a les couloirs qui sont hantés par les fantômes de l'histoire du cinéma. Car un festival n'a pas d'âme s'il ne s'ancre pas dans une continuité. Godard, Losey, Antonioni, Visconti, Tati, Franju et Sergio Leone… constituent une sélection d'un autre niveau. Cannes Classics est un espace créé pour le plaisir des cinéphiles, mais aussi pour maintenir ce lien entre les générations de cinéastes. La section est présidée cette année par Martin Scorcese à titre honorifique.
Le "Godfather de Cannes Classics" présentera une nouvelle sélection de films restaurés par sa fondation et qui étaient déjà à leur époque en compétition sur la croisette : certains cinéphiles pourront ainsi revivre les moments où ils assistaient pour la première fois aux projections de Pierrot le fou, Once upon a time, ou encore L'Avventura. Dans le même programme la Cinema World Foundation, destinée à aider les pays en développement à conserver leur patrimoine de films, présentera entre autres films du Sud, le chef d'œuvre du cinéma égyptien, La Momie de Chady Abdessalem.
Avec Chady Abdessalem deux autres icones du cinéma africain seront à l'honneur au 62ème festival de Cannes. Hommage sera ainsi rendu à Sotigui Kouyaté. Après le prix de la meilleure interprétation masculine au dernier festival de Berlin, l'acteur Malien est invité par le Pavillon des Cinémas du Monde et une montée des marches mythiques du palais est prévue en son honneur. Ainsi Sotigui Kouyaté sera aux côtés de son compatriote Souleymane Cissé pour défendre les couleurs de l'Afrique sur la croisette. Le cinéaste Malien présentera en séance spéciale son nouveau film Min Ye.
Le message de cette 62ème édition semble ainsi être de regarder au-delà du premier plan. De ce point de vue, le La est bien donné par l'affiche 2009. Créée par Annick Durban, et inspirée d'un photogramme de L'Avventura (1960), chef-d'œuvre du cinéaste italien Michelangelo Antonioni, elle semble avoir un message simple : s'ouvrir sur le monde magique du cinéma. Cette silhouette ouvrant une fenêtre sur un arrière plan féérique est une invite à l'évasion, et à porter le regard le plus loin possible.
De notre envoyé spécial à Cannes
Hassouna Mansouri